Fin connaisseur de l’industrie automobile, Michel Sailly revient sur le lean management et son application historique, le toyotisme. Il analyse les dérives de cette forme d’organisation du travail qui expliquent que, en dehors de Toyota, elle n’ait pas connu les effets attendus. Michel Sailly revient aux sources du lean management et notamment sur sa dimension philosophique et humaniste.


Le livre remet ainsi les idées au clair sur ce que devrait être une entreprise lean : une production « tirée » par la demande des clients ; une vision globale de la valeur, induisant une recherche de qualité à tous les stades ; des décisions stratégiques fondées sur une vision de long terme, jamais prisonnière de la seule finance ; la volonté de développer une confiance durable avec l’environnement, dont les fournisseurs en en limitant le nombre et en les aidant à progresser ; un management inversant la pyramide hiérarchique traditionnelle pour donner aux opérateurs un rôle majeur dans les démarches de progrès ; un souci de stabiliser la main-d’œuvre et de valoriser ses compétences (entreprise apprenante). À l’inverse, les dérives qui ont décrédibilisé le lean management sont passées au crible et de nombreux cadres pourront reconnaître des situations connues dans nos entreprises.

En mettant Toyota comme une sorte d’exemple à suivre – tout en insistant sur les spécificités de son « esprit d’entreprise » – l’auteur prend le risque d’être catalogué comme partisan. Pourtant le livre est intéressant à plusieurs titres. D’une part, il remet à jour des débats de fond, peut-être trop oubliés ou moins connus des jeunes cadres. D’autre part, il amène tous les lecteurs à se reposer des questions au moment où des formes de malaise s’accentuent dans les entreprises. L’enjeu est de voir comment on peut « démocratiser le travail », comme d’autres réfléchissent aux moyens de re-démocratiser la vie publique.

[/Arnaud Laudenbach/]

Démocratiser le Travail – Un nouveau regard sur le lean management

Michel Sailly, Éditions de l’Atelier 2017, 225 pages – 17 euros