Frédéric Worms, philosophe, membre du comité consultatif national d’éthique, met en relief les spécificités de la démocratie par rapport aux autres formes de gouvernement, toujours à reconstruire, toujours ouverte et fragile de sa diversité. Puis, il nous mène aux crises actuelles de cette démocratie, nouvelles dans leur forme, mais ancrées dans la violence humaine et le déni de l’autre.


Dans la première partie, stimulé et guidé par les questions de l’auteur, le lecteur peut faire sienne cette vision de la démocratie : « Nous devons partir des divisions et des fragilités (mais aussi des forces et des ressources) d’une nature humaine imparfaite, pour penser des institutions nécessairement imparfaites et fragiles elles aussi, et ainsi rendre le sujet heureux ».

Dans la deuxième partie, Worms expose les trois dangers actuels qui menacent la démocratie : le cynisme ; le racisme et le terrorisme ; l’ultralibéralisme.

Avec le cynisme, c’est le mensonge, le soupçon systématique, caricature du légitime débat démocratique, et la destruction de toute possibilité de confiance.

Le racisme, c’est le refus de la spécificité de chaque être humain, pour la remplacer par des catégories institutionnalisées, faciles à caricaturer. Plus profondément, c’est aussi le refus de se voir soi-même ambivalent. En travaillant au développement de la démocratie, les hommes découvrent la richesse de la diversité.

Certains lecteurs pourront être surpris de voir l’ultralibéralisme et la mondialisation comme le troisième danger. Ce n’est pas l’ouverture des échanges qui est en cause, mais les conséquences sur la préservation de la planète. L’ultralibéralisme, c’est, pour Worms, le « déni de l’interdépendance entre les humains » ; là encore, on voit le lien avec la démocratie où les citoyens peuvent reconnaître cette interdépendance acceptée et toujours à parfaire.

[/Arnaud Laudenbach/]

Les maladies chroniques de la démocratie

Frédéric Worms, Éditions Desclée de Brouwer 2017, 256 pages – 18,90 €