Face aux évolutions des modes de travail et à celles de la société, la place des femmes dans l’entreprise continue à susciter débat. Comment hommes et femmes peuvent-ils rendre compatible leur vision du travail au XXIe siècle ? Ces questions ont été au coeur de la table ronde organisée par la Région Porte de France le 30 novembre dernier, qui a réuni 50 personnes à Vincennes.
Pour Marie-Eve Brault, coach et psychanalyste, l’augmentation du nombre de femmes qui travaillent est, comme toute transformation, génératrice de craintes : celle des hommes à lâcher une partie du pouvoir, celle des femmes à affirmer qu’elles ont la capacité à l’assumer. Anne Richard, directrice de PME dans le secteur agricole particulièrement masculin, a fait une autre analyse : pour elle, l’inégalité entre hommes et femmes n’est pas due aux capacités professionnelles et managériales, mais au moindre intérêt porté par les femmes à la position qui donne le pouvoir dans l’entreprise.
Les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes sont en voie d’être corrigées. Hélène Crocquevieille, haut fonctionnaire à Bercy, nous a confirmé que, s’il y a 57 % de femmes au ministère de l’Économie et des Finances, c’est bien grâce à des lois qui ont imposé des quotas. Tristan Lormeau, DRH d’un groupe industriel, a souligné que des outils légaux permettent aujourd’hui de rééquilibrer ces inégalités. Et, a-t-il ajouté, l’inégalité homme-femme doit être traitée dans l’entreprise au même titre que les différences de couleur de peau, d’origine ethnique, d’orientation sexuelle, de handicap, c’est-à-dire au bénéfice du respect du développement de chacun.
Les quatre intervenants se sont accordés à dire que les modifications de mode de vie apportées par les RTT, le télétravail et la digitalisation en général favorisent l’égalité homme-femme au travail.
Tristan et Hélène se sont rejoints pour affirmer que la promotion des femmes doit se faire à tous les échelons pour que l’égalité professionnelle soit durable. Anne a été d’avis qu’hommes et femmes sont faits pour travailler ensemble mais qu’il faut en permanence redéfinir les règles du jeu, tandis que Marie-Eve a refusé la vision trop manichéenne de la femme en situation professionnelle inégalitaire. Selon elle, si les deux sexes sont prêts à se rencontrer avec leurs différences, en se faisant confiance, en prenant le risque de l’altérité originelle, alors existera un vrai partage des responsabilités.
C’est une vision chrétienne qu’ont partagée Hélène et Tristan, citant en illustration St Paul dans l’épitre aux Galates : « il n’y a plus l’homme et la femme, car tous vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus ».
Patrice Gravellier, responsable du secteur Val-de-Marne