La journée régionale Paris Saint-Denis du 26 janvier dernier a été l’occasion de prendre du recul sur les mutations actuelles du monde du travail et d’identifier les moyens d’action possibles pour (re)devenir des acteurs engagés dans ces transformations. Oui, nous pouvons tous contribuer à la transition pour renforcer l’humanisation du monde du travail et la préservation de notre bien commun ! Pour passer à l’action, les intervenants de la table ronde du matin ont livré des témoignages inspirants, chacun à partir de son expérience spécifique.
En tant que chef d’entreprise, Michel Sarrat a partagé son expérience de l’entreprise « libérante » : réinventer une forme de gouvernance de l’entreprise qui soit en cohérence avec le principe de subsidiarité. Un engagement basé sur le courage, l’humilité et la confiance afin de revoir une organisation centralisée et de redonner le pouvoir aux collaborateurs. Le résultat : des équipes responsabilisées qui autogèrent leur organisation quotidienne, un recrutement effectué par des pairs, la suppression du comité de direction, chaque salarié décide de l’évolution de sa rémunération.
Xavier Becquey, directeur industrie chez Albioma, encourage à ancrer la démarche environnementale dans la stratégie de l’entreprise et à adopter une approche multi-critères. La rentabilité sous la contrainte n’est plus aujourd’hui le seul critère ! Et chacun à son niveau peut agir pour initier une démarche vertueuse… Il invite aussi au corporate hacking : former un groupe de collaborateurs motivés pour faire évoluer en interne la prise en compte de la question environnementale.
Conseiller politique à la CFTC, Patrice Le Roué souligne le rôle des syndicats dans l‘accompagnement des salariés bousculés par les transformations (numérique, changement climatique, évolution de la démographie) et milite pour un régime social universel d’activité qui prendrait en compte toutes les formes de travail y compris le bénévolat et le travail domestique. Il incite aussi à se questionner lorsqu’une mesure sociale ou en faveur de l’environnement semble au premier abord nuire à la rentabilité de l’entreprise. En quoi est-ce nuisible ? Que faire ?
Enfin, Marcel Rémon, directeur du CERAS, invite à penser la transition du travail à la lumière de la doctrine sociale de l’Église, qui constitue une grille d’analyse appropriée pour cerner les décisions à prendre au sein de l’entreprise. Au travers particulièrement de quatre de ses principes : le bien commun, la subsidiarité, la solidarité et la dignité.
Apres un déjeuner partagé qui a réuni une centaine de participants, membres du MCC ou venus pour le découvrir, la dizaine d’ateliers de l’après-midi ont été source d’approfondissement et d’échanges constructifs. À côté d’ateliers sur le digital, l’accompagnement des salariés (coaching), le co-working (avec l’exemple de Magis), le burn-out, ATD quart monde, les syndicats,… , citons :
- L’atelier sur la « Démarche RSE » avec une discussion sur la prise en compte des pratiques environnementales et sociales des fournisseurs : co-construire avec le fournisseur un accompagnement ou, solution plus radicale, changer de fournisseur face à d’éventuelles contradictions ? À chaque entreprise d’élaborer la solution adaptée selon son niveau d’engagement..
- L’atelier sur le « Travail après Laudato si’ » a invité les participants à s’exercer à la transformation avec des propositions concrètes, à différentes échelles : adopter des gestes éco-responsables au travail, intégrer l’empreinte carbone dans les liens avec les fournisseurs et sous-traitants et dans la stratégie d’entreprise, développer l’économie circulaire… Une action individuelle et collective !
Cette journée fut porteuse de messages d’espérance : un mouvement de fond s’installe en faveur de transitions vertueuses en particulier en faveur de l’écologie. Dans ce contexte, le père Arnaud Nicolas, notre aumônier régional, nous a exhortés à passer à l’action dans son homélie éclairante : « le Seigneur nous appelle tous à travailler à sa vigne. La vigne, c’est le monde entier. Il n’y a pas de place à l’inaction quand tant de travail nous attend tous dans la vigne du Seigneur. »
Geneviève Littot, Véronique Hervieu et Jérôme Krieg