« Appelés à discerner dans la vie professionnelle : quelle pédagogie ? », voilà le thème qui a réuni aumôniers et accompagnateurs spirituels début mars à Issy-les-Moulineaux. « Ça s’apprend en marchant ». La phrase introductive de Bertrand (Hériard-Dubreuil, notre aumônier national), alors que nous sommes tous, religieux, laïcs, prêtres, assis face à lui, tout ouïe, m’interpelle. Être assis et en marche, tel sera donc le défi de cette session !
Pour l’heure, si je perçois les contours du chemin que nous empruntons, je n’ai pas le temps dans l’instant d’en goûter les détails, pas plus que celui d’en distinguer, lointaine, la ligne d’arrivée. J’avance ainsi à tâtons, éblouie, dans le sens le plus puissant du terme, par la beauté et la diversité des paysages qui défilent devant mes yeux même si je ne sais pas encore où la route me conduit. Les apports sont tellement riches et d’un tel niveau ! Je me sens tellement novice ! Parfois même je suis déroutée, désorientée. Quelle est donc la nature de cette nouvelle entreprise agile dont on nous parle ? Que penser de ces nouvelles stratégies managériales ? Comment entendre au plus juste les signes de notre temps ? Mais qu’importe mon léger sentiment d’inconfort ?
Discerner, n’est-ce pas, étymologiquement, séparer en agitant ? Alors, finalement, je me laisse agiter, je laisse agir… et j’arrête même ma prise frénétique de notes. Je laisse faire, consciente qu’un travail est à l’œuvre, consciente qu’Il est là, agissant, sur ce chemin du discernement.
Et force m’est de constater que j’ai pas mal marché pendant quatre jours.
Chaque enseignement, chaque témoignage, chaque visite d’entreprise, chaque échange entre pairs aura été pour moi, dans le mystère du chemin parcouru, dans la joie profonde du temps passé ensemble, dans la vérité de la parole donnée et reçue, source de cheminement intérieur, d’ouverture, apprentissage de discernement. Au service de ma propre croissance et, partant, je le crois, à celui des membres et de l’équipe que j’accompagne.
Aujourd’hui la route se poursuit et j’ai dans la main une belle boussole, cette question fondamentale posée par le pape François et rappelée par Anne Da (aumônier national adjointe), « Pour qui suis-je ? ». Elle éclaire ma marche.
« Viens, suis-moi. »
Florence Lagrue, accompagnatrice JP Bordeaux