C’était le thème de la conférence en ligne organisée les 30 avril et 1er mai par le Secrétariat international des ingénieurs, agronomes et cadres économiques catholiques (SIIAEC), dont le MCC est membre. Marie-Elisabeth Clément, bénévole rue de Varenne, a suivi la rencontre et en présente un résumé, en reliant les propos entendus avec les principes de la Doctrine sociale de l’Église.
Le Covid affecte les droits de l’homme et la démocratie. Les mesures Covid-19 prises par les gouvernements peuvent avoir des effets drastiques sur l’application des droits de l’homme et la pratique des démocraties. Les objectifs de l’action éthique sont le bien-être subjectif, des conditions de vie favorables et une vie épanouie dans le respect de la responsabilité solidaire. Les actions éthiques jouent un rôle important dans la vie individuelle et sociale. Quel est l’impact des mesures Covid-19 sur la liberté d’opinion et d’expression, sur l’éthique médicale, sécuritaire, économique et écologique ? Une douzaine d’intervenants de tous les continents Asie, Afrique, Amériques, Europe, dont Grégoire Catta sj, directeur du Service national Famille et société à la Conférence des évêques de France (Cef), pour la France, ont donné leur point de vue.
Sur la fraternité. Le raisonnement éthique dans le contexte de l’expérience latino-américaine du Covid-19 est abordé à partir d’un élément central de Fratelli tutti (FT) : « … c’est le Samaritain qui s’est fait proche du Juif blessé » (FT 81) ; dans quelle mesure est-il difficile de devenir le voisin des pauvres dans notre monde pandémique et dans nos pays ?
Sur la participation. Il en ressort que les notions de participation et de transdisciplinarité sont nécessaires pour sortir de la crise. La pandémie du Covid a révélé et exacerbé les divisions au sein de la société et de l’Église. Comme le souligne le pape François dans Fratelli Tutti (11), nous voyons dans le monde « des signes d’une certaine régression ». Les citoyens du monde entier réclament des modèles de vie plus participatifs.
Sur les droits de l’homme et la justice. Certains gouvernements profitent de la pandémie pour centraliser davantage leur pouvoir au détriment des droits de l’homme. Cela a eu un impact sur la liberté d’expression, la liberté d’information, la liberté d’association et la non-discrimination ; et a créé une dangereuse opportunité de consolider les pouvoirs autoritaires. On note également une exacerbation de la xénophobie (sans papiers), ainsi que des violences domestiques. Partout, les pauvres urbains sont les premières victimes. Selon les pays, le droit à la santé varie : rôle des États pour promouvoir la solidarité, la dignité, et le partage des connaissances comme bien commun.
La notion d’infodémie (fusion des deux mots information et pandémie évoquant la propagation rapide d’informations à la fois exactes et inexactes sur un sujet) s’est épanouie avec la crise sanitaire, donnant lieu à une recrudescence de théories du complot ainsi qu’à des attaques virulentes de responsables politiques et contre la démocratie.
Ce que j’ai particulièrement retenu, pour la France : la promotion de la fraternité par le pape François amène à redécouvrir la devise de la République française, « Liberté, égalité, fraternité ». La pandémie remet en question nos aspirations démocratiques à vivre en tant que citoyens libres et égaux. Elle rend d’autant plus primordiale la fraternité comme voie pour « renforcer la liberté et l’égalité » (FT 103). La démocratie protège les libertés fondamentales et exige des citoyens véritablement libres. Pour certains pays africains, le Covid-19 a des conséquences graves sur l’éducation : pas d’école, car absence de matériel et d’électricité. En contrecoup, les violences sexuelles sur jeunes femmes ou adolescentes ont augmenté, ainsi que les mariages précoces et les grossesses prématurées.
Élisabeth Clément, auditrice de la conférence, équipière à Paris et bénévole au MCC
« Ethical Action : COVID affecting human rights and democracy »