Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’au 30 juin, la France assure la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE). Elle se donne 3 axes de développement, résumés en un slogan « Relance, puissance, appartenance » : une Europe souveraine, « à taille humaine » et un nouveau modèle de croissance économique pour les 27 États.
Dans cette grande dynamique institutionnelle qui change tous les six mois, les Églises accompagnent les présidences tournantes en se plaçant comme force de proposition et en se manifestant par des contributions visant l’intérêt général. Les traités européens confèrent en effet une base juridique à un dialogue entamé de facto depuis les débuts de la construction européenne. C’est l’aboutissement d’un processus initié par le président de la Commission européenne Jacques Delors dans les années 1990, dans le cadre de son initiative « Une âme pour l’Europe », et institutionnalisé par l’article 17 du traité de Lisbonne en 2009.
À l’occasion de la PFUE, les instances représentatives des Églises chrétiennes réunies au sein de la commission des épiscopats de l’Union européenne (Comece) et de la Conférence des Églises européennes (CEC) ont produit une déclaration commune venant compléter la devise française sur les plans humaniste et spirituel. Cette déclaration d’une dizaine de pages en forme d’interpellation du pouvoir politique sur plusieurs sujets d’importance, fait l’objet de discussions à l’occasion de rencontres, l’une avec la représentation française à Bruxelles, l’autre avec le Président de la République ou avec son représentant, le Secrétaire d’État aux affaires européennes.
Ainsi, ces entretiens sont-ils l’occasion de souligner les points de convergences entre les deux déclarations, et de travailler au rapprochement des points de divergence, portant notamment sur la proposition française d’inscrire le droit à l’avortement dans la Charte des Droits fondamentaux. Ils apportent aussi un éclairage supplémentaire à une bonne compréhension mutuelle autour de la bonne articulation entre les trois grandes priorités européennes souhaitées et portées par la France.
La déclaration conjointe de la Comece et de la CEC accompagne en effet l’ambition française qu’elles soutiennent et complètent en rappelant la nécessité des politiques d’être davantage tournées vers le bien des citoyens. Elles soulignent également les dernières avancées européennes sur la gestion de la crise sanitaire et la mise en place d’un plan de relance à l’échelle européenne, expression de la solidarité à 27 États. Elles rappellent la nécessité de mettre en place un cadre institutionnel pour accompagner les flux migratoires, renforcer les mesures d’asile des populations chassées de force de leurs pays d’origine. Elles appellent à la vigilance vis-à-vis de la crise ukrainienne en donnant la priorité à la solution diplomatique afin d’y mettre fin.
En matière de relance économique orientée vers la transition écologique, les Églises encouragent fortement la mise en place du Pacte vert européen qui rejoint au moins partiellement la vision déclinée par le Pape sur l’écologie humaine intégrale. La transition écologique n’adviendra que s’il y a une croissance économique orientée et partagée à l’échelle de l’UE et des pays tiers, dont le continent africain toujours en attente de pouvoir bénéficier par exemple d’une diffusion des vaccins à grande échelle.
Elles insistent enfin sur le besoin de renforcer le sentiment d’appartenance à l’UE, en favorisant la rencontre entre les citoyens du point de vue culturel et en encourageant les panels participatifs, tels que ceux mis en œuvre par la conférence sur l’avenir de l’Europe.
Ainsi, la Comece et la CEC souhaitent éclairer les instances politiques pour une meilleure articulation entre les trois priorités autour des notions de puissance (migrations, relations internationales), relance (croissance économique assortie d’un volet social pour permettre d’engager la conversion écologique), humanité (respect des droits fondamentaux, conférence sur l’Europe), au bénéfice ultime des citoyens européens.
Sylvie Makarenko, d’après un entretien le 7 février avec Mgr Antoine Hérouard, ancien représentant de la Conférence des évêques de France à la Comece et ancien président de la commission des Affaires sociales de la Comece (2019-2022), archevêque de Dijon
Contribution de la COMECE et de la CEC au programme de la présidence française de l’UE