Ce petit livre, de lecture facile, est l’œuvre d’un sociologue et d’un théologien, mais c’est aussi celle d’un homme qui cherche à construire un avenir apaisé au sein de notre société. Omero Marongiu-Perrai a un itinéraire hors du commun. Fils d’immigré italien en milieu ouvrier, dans une famille catholique, il se convertit à l’islam à 17 ans et toute sa vie semble fondée sur ces deux socles.
Le livre est construit à partir de la réfutation de 100 idées « toutes faites » sur l’islam et les musulmans, mettant en cause en particulier la compatibilité de l’islam avec les droits de l’homme, tels qu’ils sont conçus dans nos pays. Le lecteur prend conscience que nous parlons souvent des musulmans à partir de ce que nous percevons en France et à travers nos cinquante dernières années. Or, l’auteur rappelle que la majorité des musulmans dans le monde ne sont pas des arabes mais des asiatiques.
Il expose que le monde musulman est extrêmement diversifié dans les formes sociales et politiques des pays qu’il couvre. Il n’y a guère de points communs entre l’Arabie saoudite, monarchie conservatrice et l’Indonésie qui se classe parmi les pays démocratiques. Au détour de chaque sujet abordé, le livre rappelle les raisons historiques et religieuses qui ont formé cette « nébuleuse ». La lecture du Coran a elle-même évolué et s’est diversifiée au-delà même de ses deux branches principales, sunnisme et chiisme.
L’auteur rappelle que les courants rigoristes, wahhabisme et salafisme, sont anciens, mais n’appellent pas à la violence, alors que l’islamisme radical n’a été théorisé qu’au milieu du XXème siècle, avec le recours à la violence pour rétablir un califat rêvé.
À toutes les « idées fausses », l’auteur oppose des faits historiques et invoque des versets du Coran qui vont dans le sens de l’ouverture, de la liberté de conscience, du refus de la violence ou du respect des femmes. De ce point de vue, le livre ouvre l’esprit de façon utile et peut éviter les jugements globalisants.
En regardant le sujet à l’échelle planétaire et à travers les siècles, Marongiu-Perria ne propose pourtant pas d’analyse approfondie des rapports complexes qui existent dans certains quartiers populaires de nos villes, entre l’islam qui y devient parfois majoritaire et les déterminants économiques, sociaux ou urbains qui pèsent lourdement sur ces quartiers. Certains lecteurs trouveront que le livre minimise trop vite le problème. L’examen de la bibliographie proposée à la fin du livre laisse penser que ce sujet n’a pas encore été traité à fond.
Arnaud Laudenbach
En finir avec les idées fausses sur l’islam et les musulmans – Omero Marongiu-Perria
Les Éditions de l’Atelier – 2022 – 234 pages -11 €