Bénévole au Secours Catholique où il accompagne quotidiennement depuis une dizaine d’années une centaine de familles Roms, Nicolas Clément décrit le vécu des populations Roms en région parisienne à l’appui de ses rencontres. Il nous fait découvrir la grande pauvreté et une réalité très loin des préjugés tenaces de notre société.
Nous connaissons bien les Roms car ils vivent près de nous, souvent dans les grandes villes et à leur périphérie, dans des baraques à bas coût faciles à installer. Leurs « platz » (bidonvilles), constitués au gré des rencontres, ont une vie économique propre, une organisation sociale hiérarchisée… Ce sont des Européens, qui peuvent circuler librement entre la Roumanie et la France mais qui vivent, au jour le jour, dans une grande pauvreté. Leur vie est basée sur les liens familiaux et non pas sur un pays, une terre donnée.
Le logement, l’instabilité du lieu d’accueil, la scolarisation difficile et le placement des enfants du fait des nombreux déplacements forcés ou désirés, mais aussi le mariage de jeunes adolescents constituent leurs difficultés majeures, endogènes ou exogènes. Nicolas Clément montre que les expulsions des bidonvilles entravent les démarches administratives sur l’identité ou la domiciliation des papiers, et que la fraude, minime, est souvent due à un manque de compréhension des rouages administratifs. Si les Roms travaillent à leur façon, grâce à la manche, la récupération, la mendicité, le travail au noir, l’auteur précise que la délinquance liée à la pauvreté n’est pas aussi importante statistiquement que dans les autres populations immigrées, pauvres ou françaises.
La grande joie de N. Clément est d’aller vers ces personnes : « Regarder une autre sagesse d’une population, conduit à d’autres comportements, une autre culture ». Il souligne qu’une implication conjointe de certains élus et des associations est nécessaire pour l’intégration progressive de ces personnes pauvres et fragiles. Le rôle de l’accompagnement bienveillant et patient, le respect et la distance, le fait d’être à plusieurs en association, sont les clés de cette rencontre.
Dans sa bienveillante empathie et proximité avec les Roms, l’auteur nous explique leur univers. Mais son propos est étranger à toute justification ou dédouanement. La connaissance intime qu’il a du peuple Rom est essentiellement source de découvertes et de meilleure compréhension pour le lecteur.
Osons avec lui cette rencontre[1] ! C’est le pas que chacun peut faire, qui nous bouscule et nous renouvelle !
Elisabeth Clément*, équipière à Paris, membre de l’équipe Synodalité du MCC
[1] À noter que la démarche synodale de l’Église, qui caresse le rêve missionnaire d’arriver à tous (Evangelii gaudium 31) et notamment aux plus pauvres, rejoint cette invitation. « Si on n’embarque pas les plus pauvres, il n‘y a pas de démarche synodale » disait autrement Laure Blanchon, intervenante à la session des accompagnateurs du MCC de mai 2022. Le processus synodal engagé au MCC pour sa régénération, est aussi l’occasion de nous demander quels sont nos pauvretés, nos manques, qui sont ceux les plus éloignés de nous, etc.
NB : nous tenons à disposition des équipiers intéressés des exemplaires gratuits de cet ouvrage (contact@mcc.asso.fr).
* L’auteure de cette chronique, bien que portant le même nom de famille, n’a aucun lien avec l’auteur du livre. Simple coïncidence !