Un an après C’est maintenant le moment favorable, livre publié à l’occasion de la crise du Covid 19, les mêmes cinq Xavières, avec Monique Baujard, ancienne directrice du service famille et société de la Conférence des évêques de France (Cef), réagissent au rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), qui dévoile la profondeur de la crise de ces abus. Cinq femmes, dont on ne peut douter l’engagement, nous aident à comprendre combien cette crise est systémique, comme l’est la crise suscitée par la pandémie. Car si l’Église catholique est bien le deuxième lieu de socialisation en France où ont lieu les violences sexuelles, après la famille, c’est dû « au fait que l’Église est une institution qui revendique dans sa structure et dans sa culture, la domination masculine » comme le décrit dans le rapport, la sociologue Nathalie Bojas. Ainsi, Agatha Zielinski se demande comment sortir de l’entre-soi qui justifie de tels abus et le silence des catholiques. Dans cette ligne, Monique Baujard questionne une institution qui n’a pas l’habitude de rendre des comptes, qui oublie les enjeux de pouvoir et qui a un discours hors-sol sur la sexualité. Thérèse de Villette, criminologue, apporte son expérience canadienne de la justice restaurative capable de faire des victimes de vrais témoins et de mettre les abuseurs devant leur responsabilité.
Dans sa conclusion, Nathalie Becquart montre l’ampleur du chantier ouvert par le pape François dans sa lettre au peuple de Dieu pour faire de l’Église un lieu véritablement synodal où la parole des plus démunis nous sort des pièges de l’entre soi. Vaste chantier pour l’Église… et pour le MCC. Voici peut-être ‘le moment favorable’ pour écouter « à la fois le cri de la terre et le cri des pauvres », comme le suggère l’encyclique Laudato si’.
Bertrand Hériard, aumônier national