Tout le monde parle actuellement de l’intelligence artificielle. Chen Qiufan et Kai-Fu Lee nous la font voir, dans vingt ans, en alliant imagination et explication. Le premier, grand écrivain de science-fiction, a écrit dix nouvelles nous plongeant en 2042 dans des pays et des mondes différents, en passant de la vie quotidienne à celui des enjeux de politique mondiale ; dans chacune de ces nouvelles, l’intelligence artificielle tient la première place.
Après chaque nouvelle, Kai-Fu Lee, expert international de l’IA, en présente un décryptage et son contexte technique. Il met en lumière les aspects positifs que l’humanité peut attendre de l’IA, mais aussi les risques bien réels qu’elle engendre.
Les sept premiers récits nous montrent les bouleversements que l’IA va apporter dans des domaines aussi variés que la finance ou l’armement.
Les trois derniers chapitres touchent des questions sociétales ou philosophiques majeures, comme le sens du travail ou la recherche du bonheur.
Sur la question du travail, le livre explique que l’explosion de l’IA aura des effets considérables, avec un effondrement extrêmement brutal des emplois routiniers, y compris dans des domaines où les bras manquent aujourd’hui. Dans le récit de science-fiction, la solution pour faire accepter des licenciements massifs fait froid dans le dos. Mais le décryptage de Kai-Fu Lee ouvre des pistes constructives qui doivent être largement anticipées.
Le récit de « l’Île du Bonheur » est l’occasion d’aborder la question de la propriété des données individuelles, celles qui permettront à l’IA de prévenir nos désirs. Kai-Fu Lee prévoit que les États seront amenés à intervenir sur ce sujet et plaide, au plan organisationnel, pour une gestion décentralisée.
Même si le livre est, par endroit, assez technique, le lecteur apprend beaucoup et est amené à réfléchir par lui-même sur ce sujet majeur.
Arnaud Laudenbach