C’est au désert qu’il apprit à marcher.

Il sut apprivoiser chaque pierre,

Chaque arbre de son pays.

Dans les forêts de l’âme humaine,

Il se tient aux lisières.

 

Jour après jour,

Nous réinventons avec lui

L’ardent questionnement de son pas.

Son itinéraire est sans repos

Mais il s’assied sur la margelle de chaque rencontre

Pour y trouver l’eau vive.

 

Il aime ceux qui n’ont pour bagage

Que leur faim et leur soif

Leur pauvreté à offrir,

Leurs blessures essentielles.

 

Il se tient loin

De ceux qui campent sur leurs certitudes :

Pour dérouter les fiers et les savants,

Il n’a pas son pareil.

 

Il ne fréquente aucun temple,

Aucune montagne sacrée,

Aucun ashram, aucune église :

C’est un passant,

Il se contente de traverser.

Il marche avec nous, comme nous,

Laisse le vent le rejoindre

Sans jamais s’arrêter.

 

Dans son royaume,

Toute faiblesse est sans aveu,

Personne n’humilie,

Toute grâce est d’avance accordée.

Le cœur de l’homme est son domaine.

Son seul désir : y faire lever

Des germes de confiance.

 

Depuis toujours, il est réconcilié

Avec ce qui bientôt naîtrait

De son absence souveraine.

À jamais sur le bois des jours

Il laisse à chacun le choix

De se relever avec lui.

 

Jean Lavoué, 31 juillet 2021