Le 29 novembre commençait le cycle des Débats Varenne 2010/2011 « Une entreprise trop virtuelle ? »|Page du site.
La première soirée « Et qui donc est mon patron ? » accueillait deux intervenants de grande qualité, qui ont débattu des effets des organisations de plus en plus complexes dans les grandes entreprises :
Pierre Izard, membre du comité exécutif de la SNCF, directeur de la branche Infrastructures et Xavier Huillard, président directeur général du Groupe Vinci.
« Une entreprise trop virtuelle ? »|Page du site
Il aurait été difficile de réunir des entreprises présentant des contextes, des cultures et des organisations plus différentes que les deux représentées.
La SNCF, pétrie de culture cheminote, connaît des mutations profondes qui se vivent dans une grande complexité. La stratégie se décline selon le double impératif de l’ouverture rapide à la concurrence dans un environnement international, et de la réponse aux attentes de clients/usagers attachés à la notion de service public. L’organisation du transport reste construite sur un mode horizontal et géographique, pendant que l’ingénierie, les infrastructures, le train, sont des secteurs gérés verticalement. La direction des infrastructures manage des hommes et des projets en réalité pour le compte de RFF (Réseau Ferré de France). La complexité se traduit dans la juxtaposition de fonctionnements hiérarchiques et matriciels, dans la mise en place de processus de décision urgents qui traversent les structures établies, dans des systèmes de relations et de communications qui mettent en réseau des acteurs internes et externes sans référence aux organisations définies. Pierre Izard a expliqué comment, face à la question « qui est mon patron ? », il estime aussi important de savoir répondre à celle-ci : « dans un tel contexte, quels rôles sont prioritairement les miens pour faciliter le travail de mes collaborateurs ? ».
Le Groupe Vinci, quant à lui, est né du rapprochement de deux métiers ayant chacun son modèle de business, la concession (autoroutes, parkings), l’ingénierie et la construction. Xavier Huillard a misé dans ce contexte sur un modèle managérial très décentralisé, privilégiant la responsabilité et la motivation des hommes sur le terrain ; 3000 patrons de « business units » disposent d’une très large autonomie pour la proposition et la conduite de leurs projets. Il existe bien entendu des fonctions verticales donc des organisations matricielles, mais qui préservent la priorité du manager opérationnel en cas d’injonctions divergentes.
Ce modèle d’organisation est certainement favorisé par la complexité moindre de l’environnement politique et social du Groupe Vinci, relativement à celui de la SNCF. Xavier Huillard s’est appliqué à lui-même son modèle de management, expliquant comment il a compris que son premier rôle à la tête du groupe était d’élaborer un projet, riche et réaliste, et de savoir le communiquer ou le négocier avec ses différents interlocuteurs.
Le débat avec la salle a permis de préciser et d’enrichir plusieurs aspects du sujet. Certains participants ont souligné le caractère bien « réel » des deux organisations décrites, par contraste avec des environnements plus « virtuels » de travail où des cadres se retrouvent sans repères bien définis. Dans tous les cas la complexité croissante des organisations et la multiplicité des donneurs d’ordres posent question. En réponse à cette complexité, la posture du dirigeant est déterminée en grande partie par le contexte et la culture interne de l’entreprise.
Deux mots ressortent clairement :
Le PROJET, considéré par les deux intervenants comme le soutien indispensable d’un management dans la complexité ;
Le MANAGEMENT RESPONSABLES, ce qui signifie la volonté de le rendre praticable comme tel au plus près du terrain.
Christian Sauret
ancien responsable national du MCC,
membre du comité de rédaction
N.B. Les Débats Varenne sont co-organisés par le MCC, l’UNIPEF (Union des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts)|site de l’Unipef, l’ACADI|site de l’ACADI et l’Association Ponts Alliance.|site de l’AIPC
Les trois soirées du cycle 2010/2011 sont orientées sur la question « Une entreprise trop virtuelle ? ».
2ème débat, le 2 février 2011 : Les technologies numériques d’information et de communication (TIC), une servitude volontaire ?
3ème débat, le 14 mars 2011 : Que sont nos métiers devenus ?