Marie-Caroline Bustarret

Enseignante-Facultés Loyola Paris

regard spirituel

L’héritage ignatien

Saint Ignace de Loyola a été saisi par l’amour du Christ et a mis sa vie au service d’une seule finalité : le faire connaître et permettre à d’autres de faire l’expérience d’une rencontre qui transforme la vie et renouvelle le cœur. Sa spiritualité peut éclairer une façon de se situer dans le monde d’aujourd’hui, d’y travailler et d’y entrer en relation. Ces trois piliers peuvent éclairer ce que nous voulons faire en MCC.

Suivre le Christ

Pour Ignace, le point de départ de toute vie spirituelle est un grand désir qui doit être ordonné au bon objet. Le désir de suivre le Christ : suivre le Christ vise à nourrir et à orienter ce désir. Pour cela, les Exercices Spirituels posent un ‘principe et fondement’ : “L’homme a été créé pour louer, respecter, servir Dieu” (ES 23).

Chercher en nous nos désirs de vie :  les Exercices Spirituels font une large place au désir, point d’entrée de la relation avec Dieu (ES 20). Les temps d’oraison commencent par une demande de grâce où j’exprime un désir et se termine par un colloque où je peux reprendre mon désir et en parler au Christ. Cela vient en écho à la question récurrente de Jésus dans les Évangiles : “Que veux-tu que je fasse pour toi ?” Chercher ce qu’on désire vraiment, c’est accéder à sa pleine stature humaine. C’est entrer dans la juste relation avec Dieu, relation d’humilité et de liberté. C’est entrer dans le concret, socle solide sur lequel fonder sa vie en s’appuyant sur l’Esprit.

Chercher Dieu en toutes choses

Ignace nous apprend à agir non pas en fonction d’imaginaires, d’idées préconçues, mais en fonction des circonstances de lieu, de temps et de personnes : car c’est par elles et à travers elles que Dieu exprime sa volonté. La personne spirituelle est celle qui acquiert une intelligence des situations concrètes.

“Que dois-je faire ?” Cette question est profondément spirituelle. L’amour se met plus dans les actes que dans les paroles. On dit que la mystique d’Ignace (attitude spirituelle qui n’inclut pas nécessairement des dons extraordinaires de la grâce mais une forme d’attachement à Dieu, fondement de la vie) est une mystique du service (action comprise comme service de Dieu). L’action n’est pas une fuite ou une dispersion lors de laquelle se désagrégeraient progressivement les effets de l’oraison, mais un renouvellement de la relation. Servir est ici une action discernée qui fait advenir le Royaume et sa Vie enracinée dans la prière.

Aider les âmes

Ignace est convaincu qu’il a rencontré Dieu et que sa tâche est de permettre aux autres de faire cette même rencontre. C’est comme une urgence pour lui (Récit 85, décision de Montmartre, Constitutions, 605).

Un chemin de liberté : apprendre à écouter en soi la voix de Dieu (discernement) est un chemin de liberté. Aider n’est ni imposer une façon de faire, d’être, de vivre, ni même “convertir”. C’est juste ouvrir un chemin de liberté, liberté par rapport aux autres et par rapport à soi (ses pulsions/attachements/conditionnements).

L’universalité : le génie d’Ignace n’est pas tant d’avoir découvert que Dieu s’adresse personnellement à chaque homme mais d’avoir tout mis en œuvre pour que chacun puisse faire cette expérience. Expérimenter Dieu sans médiation, “dans la disposition de sa vie”, “Dieu en toutes choses.” Ainsi, l’exigence apostolique est-elle au cœur de la spiritualité ignatienne. Elle n’est pas d’abord le fruit d’une exigence morale mais d’un élan suscité par l’amour, le cœur brûlant (pèlerins d’Emmaüs), relevant d’un appel impérieux.

 

 

Intervention synthétisée par Sylvie de Roumefort, responsable éditoriale

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