Bruno Barth
Bruno Barth
témoignage
Bruno Barth : avec Luther et Ignace, mon chemin de foi
Bruno Barth, dynamique sexagénaire père de six enfants, coach, DRH, né alsacien catholique, a opté pour le protestantisme, découvert dans le scoutisme. L’épreuve d’un burn-out suivi d’un divorce douloureux l’a mis sur le chemin de la spiritualité ignatienne qui l’a mené au MCC. Pour lui, Ignace invite le chrétien à “goûter par lui-même la parole avec ses cinq sens”, comme Luther avec l’un de ses crédos “sola scriptura”.
Très engagé dans travail et dans son Église, l’Église protestante unie de France (EPUdF), il y prend des responsabilités régionales en mettant ses compétences au service de nombreux projets et sujets, perd progressivement pied et finit par tomber dans le burn-out : “Je me suis investi un peu trop dans mon boulot et dans mon Église en même temps. J’ai un peu oublié ma base, mon QG qui est ma famille. Quand on est arrivé à la solution du divorce, j’ai eu l’impression de tout perdre.” Même si l’épreuve a été douloureuse, elle lui a permis de rebattre ses cartes pour mieux équilibrer sa vie.
La rencontre avec Ignace
Un jour, un pasteur lui conseille de faire une retraite en silence chez les jésuites. “En arrivant à Manrèse, j’ai cru que je ne tiendrais pas. J’ai voulu partir au bout de deux jours mais j’ai tenu bon.” C’est alors que la grâce l’a touché : la manière de prier enseignée par Ignace lui a permis de rentrer dans un dialogue intime avec Dieu bouleversant. “Ne dormant que deux heures par nuit, j’ai lu tous les livres sur la spiritualité ignatienne que j’ai trouvés. J’ai lu son livre Exercices spirituels l’année suivante sur le chemin de Compostelle.” Protestant, il a appris à interpréter les textes et à les remettre dans leur contexte. “Comme Ignace, j’ai fait l’expérience d’éprouver mon corps pour me laisser toucher, pour me laisser me transformer à la lecture et à la pratique de ses Exercices.” Ses compétences de formateur l’y ont indiscutablement aidé. “Pour moi, ce livre est d’une pédagogie incroyable. Il a été avant-gardiste, son approche concilie tête-corps-cœur pour laisser l’Esprit faire son œuvre. J’ai trouvé extraordinaire de marcher pendant dix jours avec Ignace.”
Pour reprendre une expression québécoise, Bruno “tombe en amour d’Ignace”, car il s’est senti saisi par sa spiritualité. Grâce aux jésuites qu’il croise lors de ses retraites suivantes, il approfondit sa connaissance d’Ignace. Il comprend mieux les notions de “discernement” et de “relecture”, découvre les “mouvements intérieurs de consolations et désolations. Il apprend à reconnaître ses émotions et à les mettre en distance. Il ajoute qu’Ignace “nous donne un protocole, il nous apprend à mettre de l’ordre dans nos pensées, dans nos prières. La pédagogie ignatienne nous amène à être dans la rencontre véritable avec Dieu.” Bruno précise : “J’ai senti l’Esprit saint agir en moi par ma capacité à goûter la Parole de Dieu avec mes cinq sens, l’interpréter avec mon libre arbitre pour me laisser toucher. Voilà pourquoi je me considère protestant et ignatien.”
Une réorientation accompagnée par le MCC
Professionnellement, durant cette période de résilience, il crée une plateforme de e-coaching d’aide au discernement et à la prise de décision (d’inspiration ignatienne) pour quinquas faisant face à leur crise de milieu de vie.
Il se lance ensuite dans le management de transition où il fait des missions en tant que DRH, avec une forte dimension de transformation de l’intelligence collective. Il rend grâce à son époque (avec ses nouvelles technologies) qui lui a donné les moyens de rebondir, de retrouver une compagne, un emploi et une vie spirituelle basée sur la prière quotidienne.
Après un rapide passage chez CVX, il intègre successivement deux équipes MCC à Houilles, dans laquelle il découvre les Chemins d’Emmaüs puis à Chatou. “Je suis étonné de constater que peu dans les équipes MCC connaissent les trésors ignatiens. En participant à l’APN, j’ai compris que j’avais trouvé un mouvement très riche qui correspond bien à ma quête de sens. Aujourd’hui, dans un monde où le travail occupe une grande partie de notre temps, il est essentiel de discerner pour choisir les bonnes options à l’aune de ses valeurs de chrétien, pour juste… être bien avec soi et les autres. J’ai également découvert la doctrine sociale de l’Église, avec par exemple le principe de subsidiarité qui est d’une modernité absolue.”
Solange de Coussemaker, comité de rédaction