Cécile Renouard

Présidente du Campus de la Transition

point de vue

L’entreprise, une responsabilité systémique et relationnelle

Bon nombre d’entreprises sont encore centrées sur la maximisation de la valeur liée à leur cœur de métier, et ne prennent pas le temps de repérer comment celui-ci peut être en tension ou contradictoire avec les conditions d’amélioration – ou de non-détérioration – des modes de vie des plus vulnérables et du patrimoine naturel et culturel.

Parler de responsabilité systémique, c’est souligner l’articulation entre les dimensions financières et extra-financières : la mise en place de normes sociales et environnementales plus contraignantes n’est suffisante que si elle s’inscrit en convergence avec la création et le partage équitable et durable de la valeur.

La responsabilité de l’entreprise, c’est une responsabilité systémique et relationnelle qui demande du courage et de l’audace.

Il s’agit de travailler à réduire les écarts de rémunération dans l’entreprise et sa chaîne de valeur, de chercher à intégrer le coût de maintien du capital naturel et du capital humain dans la comptabilité, d’apprécier les plus grands risques à l’égard des parties prenantes, de les minimiser, réparer et compenser ces dommages quand ils sont liés à des trajectoires économiques au service des communs.

Il s‘agit de renoncer à des activités contradictoires avec les conditions du bien vivre pour les générations futures – comme l’extraction des énergies fossiles ou la production de biens et services superflus. Cette responsabilité systémique est donc à la fois économique, écologique, sociale, culturelle et citoyenne, correspondant à l’écologie intégrale dont parle le pape François. Elle demande aux dirigeants et responsables le courage de la remise en cause et du discernement éthique, l’audace de s’engager sur des chemins non tracés et souvent décriés, la persévérance pour les gros temps qui viennent, pour “parvenir à initier un nouveau processus radical, intense et qui compte sur l’engagement de tous.” (Laudate Deum, 4 oct. 2023, n° 59).

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