Cerf, 2023

156 pages

lu

Dieu a tant aimé le monde

Petite théologie de la mission

Jean-Marc Aveline

En 150 pages, le cardinal archevêque de Marseille résume les avancées de la théologie de la mission depuis Vatican II. Elle poursuit le dialogue avec un Dieu qui vient à la rencontre, demande l’hospitalité, engage la conversation. Comme le Christ avec la Samaritaine, l’Eglise reconnait que les premiers pas sont de Dieu lorsqu’ils permettent aux hommes et aux femmes de faire en vérité l’expérience de la vie.

Après le choc de la Shoah, l’Eglise a pris conscience comment le peuple de la première alliance a recueilli et observé cette parole. Impossible désormais pour vivre la mission de ne pas tenir compte de la contribution des autres religions à la Missio Dei. Peuple composé de juifs et de païens sous l’égide de l’Esprit, l’Eglise accompagne la marche de Dieu vers les peuples du monde. Elle participe ainsi à l’avènement de la fraternité dont la source n’est pas en nous, mais dans la paternité de Dieu.

Ces pages sont lumineuses parce qu’elles sont ancrées dans la pratique pastorale de l’archevêque de Marseille. Le prologue raconte très simplement la vocation d’un homme que l’Eglise de Marseille a su accueillir avec ses parents après leur retour forcé d’Algérie. Son Eglise locale est contrainte à dialoguer pour permettre aux communautés religieuses de toute la Méditerranée de vivre ensemble et d’encaisser les tensions contemporaines. L’épilogue fait résonner la chanson de Jacques Brel. « Quand on a que l’amour » résume avec l’initiative d’une vieille dame de la rue Châteauredon qui voulait montrer sa peine et sous indignation après l’effondrement d’un immeuble et avec « l’unique combat pour chercher le jour » d’un mineur isolé africain. Même sa propre sœur, sur son lit de mort, contribue à la mission par une parole « il suffit d’aimer » qui résumait toute sa vie. L’auteur reconnaît en ces gestes la manière dont la Sainte Famille, obligée de fuir en Égypte, « a offert en prière les maux de la terre en simple troubadour ». Le cardinal déploie ainsi la catholicité de l’Eglise, « en travaillant à l’unité à l’intérieur même de l’Eglise, et en développant la fraternité dans toute l’humanité ».

 

Bertrand Hériard

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