Éd. Crise & Critique, 2024
212 pages
lu
Quand commence le capitalisme ?
De la société féodale au monde de l’économie
Cet ouvrage, qui a le mérite de répondre à la question qu’il pose, est remarquable tant par sa concision que par sa rigueur. Jérôme Baschet offre au lecteur un bon aperçu du débat historiographique contemporain sur les origines du capitalisme, en lui permettant d’entrevoir le fourmillement des hypothèses, tantôt complémentaires, tantôt concurrentes.
Sans omettre les dynamiques socioculturelles de longue durée, l’auteur se montre partisan d’une lecture discontinuiste ; selon lui, la transition vers le capitalisme s’apparente à un « moment brutal de reconfiguration systémique », qu’il faut situer à la fin du XVIIIe siècle – et pas avant. Si la conquête des Amériques préfigure à certains égards ce qui va suivre (économie de pillage, de plantation, etc.), elle reste le « stade suprême du féodalisme ». La domination britannique sur les Indes, la naissance de la science économique et l’affirmation des principes du libéralisme et, enfin, l’amorce de l’industrialisation en Europe restent, pour Baschet, les marqueurs les plus sûrs de l’entrée dans le monde capitaliste. Sa discussion nuancée de l’héritage chrétien (moteur de l’universalisme, puissance sociale de l’ecclesia) aide à mieux cerner l’importance de son rôle dans la trajectoire singulière de l’Europe occidentale.
Pierre-Louis Choquet