La Découverte, 2023
80 pages
lu
Pourquoi la démocratie a besoin de la religion
Hartmut Rosa
Hartmut Rosa a été invité par le diocèse catholique de Würzburg à intervenir sur la manière dont il voit le rapport entre démocratie et religion. Il fut inspiré par la prière de Salomon : « Donne-moi un cœur qui écoute » (1 Rois 3, 9). Tel est, à ses yeux, l’apport possible des traditions religieuses, du christianisme en particulier, au profit d’une société à bout de souffle, qui « cherche désespérément des formes alternatives de relation au monde ».
Le diagnostic du sociologue est bien connu, résumé par les notions d’« accélération » ou d’« immobilité fulgurante » : « Nous devons courir plus vite chaque année pour ne pas tomber dans le gouffre qui nous rattrape de plus en plus vite, notamment avec la crise du climat. » L’issue est de retrouver des « résonances » (Résonance, La Découverte, 2018, voir Études, février 2019), s’arrêter pour écouter une autre voix, accepter la rencontre et la transformation qu’elle induit. C’est là où la religion peut intervenir dans la mesure où, par ses pratiques ou ses récits, peut-être plus que par ses doctrines, elle témoigne d’une altérité indisponible. Les Églises « disposent de narrations, de réservoirs cognitifs, de pratiques et d’espaces où un cœur peut s’exercer à cette écoute et peut-être en faire l’expérience ». Cette piste mériterait d’être davantage développée. Mais il est significatif qu’un sociologue qui analyse avec précision les sociétés contemporaines en vienne à tourner son regard vers les ressources potentielles du christianisme.
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