Depuis les années 80, la libéralisation des flux internationaux de capitaux a permis aux emprunteurs, en particulier les entreprises et les États, d’accéder au marché international pour se financer dans de meilleures conditions. Ces nouvelles facilités ont en partie occulté les modalités d’un juste recours à la dette.
Si la dette est un outil essentiel au service de la liberté, elle peut aussi conduire à son aliénation. La dette démultiplie les capacités de la liberté des hommes lorsqu’elle sert à financer plus vite des investissements dans des projets économiques rentables. Au contraire, la dette devient une facilité dangereuse lorsqu’elle n’est pas directement associée à la production d’un supplément de ressources permettant son remboursement. C’est le cas notamment lorsque la capacité de remboursement dépend de variables peu maîtrisables par l’emprunteur (variations des taux, de change, évolution du PIB ou du prix de l’immobilier…) ; lorsque la dette sert à démultiplier la rentabilité et les risques dans des montages financiers ou à reporter à plus tard la prise en compte de réalités économiques dont elle ne modifie pas les (dés)équilibres…
Si les responsabilités liées au bon usage de la dette incombent largement aux emprunteurs, elles impliquent aussi largement les prêteurs : les institutions financières, mais aussi chacun de nous. Électeurs et contribuables, nous sommes responsables lorsque nous feignons de croire aux promesses à crédit de nos représentants politiques. Prêteurs, comme épargnants, actionnaires, investisseur,… nous sommes responsables de l’usage de notre épargne, même lorsque nous en confions la gestion à des professionnels tiers (SICAV, FCP, assurance vie, fonds de retraite,…) en nous dédouanant des responsabilités correspondantes.
Baudoin Roger
Aumônier JP Paris