Pape François
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L’Esprit comme marqueur de la synodalité
Le 13 janvier 2022, au cours de leur séjour romain, les mouvements d’action catholique ont été reçus par le pape. Les remerciant de leur “service généreux dont l’Église a plus que jamais besoin”, il est revenu sur la démarche de révision de vie et a insisté sur la présence de l’Esprit comme marqueur de la synodalité. Extraits
C’est une vieille habitude pour vos mouvements de venir rencontrer le pape (…). Je voudrais réfléchir avec vous sur notre appel à être effectivement apôtres aujourd’hui, à partir de l’intuition que vous a laissée l’une des grandes figures de l’action catholique, l’abbé Cardijn : la “révision de vie”. (…) Voir, juger, agir: vous connaissez bien ces trois mots ! Reprenons-les ensemble.
Voir. (…) La pédagogie de l’action catholique commence toujours par un moment de mémoire, au sens le plus fort du terme : une anamnèse, c’est-à-dire le fait de comprendre avec recul le sens de ce que l’on est et de ce qui a été vécu, et de percevoir comment Dieu était présent à chaque instant. La finesse et la délicatesse de l’action du Seigneur dans nos vies nous empêchent parfois de la comprendre sur le moment, et il faut cette distance pour en saisir la cohérence (…).
La deuxième étape, c’est juger ou, pourrait-on dire, discerner. C’est le moment où l’on se laisse interroger, remettre en cause. La clef de cette étape, c’est le recours à la Sainte Écriture (…). Vos mouvements d’action catholique ont développé, dans leur histoire, de vraies pratiques synodales, notamment dans la vie d’équipe qui forme la base de votre expérience. Notre Église est aussi tout entière lancée dans un chemin synodal, et je compte sur votre apport. Rappelons-nous justement que la synodalité n’est pas une simple discussion. (…) La synodalité n’est même pas la recherche du consensus de la majorité, c’est ce que fait un parlement, comme cela se fait en politique. Elle n’est pas un plan, un programme à mettre en place. Non, elle est un style à adopter dans lequel le premier protagoniste est l’Esprit saint qui s’exprime en tout premier dans la Parole de Dieu, lue, méditée et partagée ensemble. (…) Être fixé à la Croix de Jésus (…), c’est accepter vraiment de mettre ma vie sous son regard, accepter cette rencontre entre ma pauvre humanité et sa divinité transformante. Je vous en prie, laissez toujours une place importante à la Parole de Dieu dans la vie de vos équipes (…).
Nous en arrivons à notre troisième étape : agir. L’Évangile nous apprend que l’action, qui est dans le nom même de votre mouvement, devrait toujours être à l’initiative de Dieu (…). Notre rôle consiste donc à soutenir et favoriser l’action de Dieu dans les cœurs, en s’adaptant à la réalité qui évolue sans cesse. Les personnes – et je pense plus particulièrement aux jeunes – que vos mouvements rejoignent ne sont pas les mêmes qu’il y a quelques années. Aujourd’hui, surtout en Europe, ceux qui fréquentent les mouvements chrétiens sont davantage sceptiques face aux institutions (…). Ils sont plus sensibles à l’affectivité, et donc plus vulnérables, plus fragiles que leurs aînés, moins enracinés dans la foi, mais tout autant en recherche de sens, de vérité, et pas moins généreux. C’est votre mission, comme action catholique, de les rejoindre tels qu’ils sont, de les faire grandir dans l’amour du Christ et du prochain, et de les porter à davantage d’engagement concret pour qu’ils soient les protagonistes de leur vie et de la vie de l’Église, afin que le monde puisse changer (…).