M. Baujard M.P. Freytag et N. Masson

M. Baujard M.P. Freytag et N. Masson

point de vue

Le MCC répond-il aux attentes du monde ?

Lors de l’Assemblée Participative Nationale du MCC qui s’est tenue les 18 et 19 novembre 2023 à Paris, une table ronde a réuni au terme de la première journée, Monique Baujard (Promesses d’Église), Marie-Paule Freytag (CCFD-Terre Solidaire) et Nicolas Masson (Entrepreneurs et dirigeants chrétiens – EDC). Ils nous livrent leurs réflexions sur le MCC dans sa démarche de régénération.

Le MCC est-il attentif aux signes du temps ?

Monique Baujard : Aujourd’hui, il y a moins de chrétiens. Le risque n’est pas d’être moins nombreux mais de devenir insignifiant. Le MCC doit continuer à faire “signe”. Beaucoup de jeunes sont chercheurs de sens dans leur travail et d’un équilibre avec leur vie de famille. Ils n’ont pas toujours rencontré le Christ mais ils cherchent un lieu fraternel sans savoir s’ils veulent s’engager. Le MCC offre le discernement ignatien dont ils auraient besoin. L’enjeu du MCC est de combiner identité et ouverture.

Marie-Paule Freytag : J’ai entendu que le MCC veut conserver son rattachement catholique mais avec ce désir d’ouverture vers les autres confessions chrétiennes. Cela se vit déjà dans certaines équipes. C’est un signe d’espérance qui nous oblige à écouter la parole de l’autre sur des sujets communs mais avec une vision différente. Que changer ? Soi ou l’organisation ? C’est tout un cheminement personnel et collectif à faire. La question est posée de participer à des évènements pour faire connaître le MCC. Mais quel temps dégager pour cela ? Ensuite, si le MCC se dit chrétien, la spiritualité doit accompagner la réflexion. S’il est d’obédience ignatienne, il faut répondre à la demande de formation. Si on est clair sur ce qu’on est, on peut le dire à l’extérieur. La formation est spirituelle mais elle est aussi un regard sur la société, les attaches locales et mondiales, l’économie, sur d’autres cultures.

Nicolas Masson : Je voudrais partager deux convictions avec vous. Il convient d’essayer de retrouver l’essentiel, annoncé il y a 2 000 ans : la prédominance de l’amour, les dix commandements. Si on peut partager l’amour dans nos entreprises, dans nos équipes, le job sera fait. Aujourd’hui, il est possible de parler d’amour dans l’entreprise car il y a une soif de sens. Le message du Christ peut y répondre. La seconde est celle de la formation. Les EDC sont un mouvement œcuménique dont l’un des principaux moteurs est la Pensée Sociale Chrétienne. Il y a une dizaine d’années, les EDC se sont dotés d’une définition œcuménique de la Pensée Sociale. Pour savoir comment on applique ces textes, il convient de se former. On peut travailler avec le MCC sur ces formations. On a parlé de fécondité, de rupture radicale, de la force de l’expérimentation, d’un cheminement long.

Qu’avez-vous vu de porteur d’espérance ?

M.B.: Il y a un attachement fort au mouvement. Le MCC a une souplesse que l’Église institutionnelle n’a pas. La paroisse ne donne pas la même proximité. Les gens cherchent d’abord un lieu d’écoute pour parler en confiance de la façon de vivre leur foi au travail, c’est une chance de pouvoir le faire au MCC.

M.P.F.: Ce qui me semble être une graine d’espoir, c’est ce désir de rester dans l’Église et en même temps de s’ouvrir aux autres confessions. Il faut le désir de formation pour enraciner notre foi et approfondir notre originalité en tant que mouvement.

N.M.: La période est troublée mais favorable aussi, il y a beaucoup d’opportunités car on sent cette soif de sens, d’amour et d’espérance. Comme chrétiens, que fait-on ? Pourquoi parle-t-on si mal de l’amour ? Il y a une grande attente, une grande espérance.

 

Propos recueillis par René-Philippe Tanchou.

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