C’est sous ce titre particulièrement clair que Gaël Giraud commente l’adoption par le Parlement le 18 juillet de la loi de « séparation et de régulation des activités bancaires » dans l’édition du 31 juillet de La Croix, projet de loi dont nous avions fait état dans la Lettre de février.
Si les intentions de la loi sont bonnes, séparer les activités de banque de dépôt et crédit qui financent l’économie réelle, des activités de spéculation sur les marchés, la réalisation en ne séparant – de fait qu’environ 1% des activités – ne garantit pas qu’en cas de défaillance d’une grande banque, c’est toute l’économie européenne qui s’écroulerait.
En effet, les banques européennes ont une exposition au risque qui équivaut à 500% de leurs fonds propres et donc en cas de défaut d’une banque ce sont les contribuables qui auront à payer les 400% manquant. De plus les 4 premières banques françaises (BNP-Paribas, Société Générale, Banques Populaires-Caisse d’Épargne, Crédit Agricole, ont à elles seules un total de bilan égal à 2,5 fois le PIB français; elles sont non seulement trop grosses pour faire faillite (too big to fail) mais en plus trop grosses pour être sauvées (too big to save). « Si une méga-banque européenne tombe, l’économie européenne tout entière est à genoux », avertit ainsi Gaël Giraud dans sa note de synthèse sur la séparation bancaire.
Et tout cela – à titre d’illustration – parce que la non séparation bancaire effective permet à une grande banque française de « prêter à un hedge fund des Îles Caïmans qui spécule sur les marchés dérivés agricoles, cela, avec la garantie de l’État » (Cf. les propos de Thierry Philipponat de Finance Watch dans la vidéo disponible sur le site de la revue Projet) …
Ludovic Salvo