À la demande de la direction d’une entreprise de panneaux solaires confrontée à la concurrence chinoise, les salariés votent pour l’éviction d’une des ouvrières, contre une prime de 1000 euros pour chacun…


Celle-ci (Sandra, impressionnante Marion Cotillard), soutenue par sa famille, a deux jours et une nuit pour convaincre ses collègues de renoncer à leur prime et ainsi pour elle de conserver son poste.

Les rencontres se succèdent et le suspens reste entier jusqu’au retournement final. Cette nouvelle chronique sociétale, économique, des frères Dardenne qui se transforme tout simplement en plongée au cœur de l’humain, conjugue perspicacité du scénario et justesse du traitement. Le récit s’inspire selon les réalisateurs de faits réels. La course contre la montre de Sandra dresse un état très juste des disfonctionnements accentués par la crise, qui peuvent toucher une entreprise. Tout en créant un élan de solidarité bienvenu face au chantage et à l’arbitraire de cadres dirigeants. Chacun dans ce film résolument contemporain est confronté alors au dilemme d’un choix important pour l’un des membres d’une petite communauté de travail. Les arguments des uns et des autres sont mis en valeur. « Que font les autres ? » s’interrogent successivement les salariés concernés. Le pari cinématographique est tenu au gré de plans séquences qui donnent son rythme à ce focus qui traite des conséquences que peut générer la peur du lendemain. Le jury œcuménique (Protestants-Catholiques) du film à Cannes, à l’occasion des quarante ans de ce prix annuel, a rendu hommage à l’ensemble de l’œuvre des frères Dardenne. « Notre film dégage un optimisme de la volonté » déclaraient les réalisateurs belges dans un entretien paru dans le journal La Croix.

Robert Migliorini

Deux jours, deux nuits

un film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, en salle depuis le 21 mai