Devant les naufrages tragiques de cette année, dont le terrible accident du 19 avril qui a provoqué la mort de 800 migrants par noyade, les ONG ont insisté pour que l’Union européenne agisse au plus vite.
Le 13 mai, la Commission Européenne a publié une communication sur l’agenda européen en matière de migration. Bien que ce document ait été créé pour protéger les droits humains des migrants, beaucoup de points sont assez inquiétants pour JRS Europe.
Le document parle, entre autres, de la nouvelle opération Triton. Il est vrai que l’agence européenne Frontex a reçu plus d’argent et plus de ressources pour continuer son opération en Méditerranée. Pour certains cela donne l’impression que plus de migrants peuvent être sauvés, mais nous n’en sommes pas convaincus : l’agence peut répondre aux appels de secours mais ne peut pas rechercher des navires de manière active. Ce manque de clarté sur le mandat est préjudiciable à la rapidité et efficacité des opérations.
Dans l’agenda, figure un plan de répartition des migrants : 40.000 demandeurs d’asile érythréens et syriens devraient être transférés de l’Italie et de la Grèce vers les autres pays membres de l’UE. Malgré la ferme volonté de la Commission, un nombre important de pays européens s’est déjà opposé à ce plan. On y trouve aussi des mesures pour la réinstallation : liées à la coopération entre l’UE et le haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies, elles offrent des moyens et des procédures sûres et légales aux réfugiés échappés des zones de conflit. Jusqu’à maintenant, seulement une moitié des 28 États membres de l’UE a participé aux programmes de réinstallation qui visent 20.000 personnes en deux ans. Cela constitue à notre avis une sous-estimation drastique par rapport aux nécessités et à la crise globale dans laquelle on se retrouve. Plus important encore, les deux plans ne prennent pas en considération les besoins et des souhaits personnels des demandeurs d’asile eux-mêmes. JRS Europe considère que le seul plan envisageable sera celui qui leur permettrait d’exprimer leur volonté quant au pays où ils voudraient s’établir.
On note que l’opinion publique se concentre plutôt sur le plan de lutte contre les trafiquants d’êtres humains, alors que « des routes sûres et légales » ne sont mentionnées que très brièvement dans le texte de la Commission. Sans de tels moyens, la lutte contre les trafiquants mettra en péril les vies des réfugiés en les forçant à rester dans leurs pays ou dans les pays de transit, dépourvus de toute protection appropriée.
Olga Siebert
chargée de plaidoyer, Jesuit Refugee Service Europe (JRS)