On se souvient du livre à succès de Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie, un récit singulier qui avait reçu en 2011 le prix Médicis essai. Né en 1972 Sylvain Tesson conjugue le goût du voyage, de l’aventure, du raid et celui des mots choisis de l’écrivain. Son journal de ses six mois vécus seul dans une cabane de pêcheur sibérienne, à cinq jours de marche du premier village, répondait à un appel.
Celui de quitter Paris, son univers familier et de vivre en ermite, avant ses quarante ans : « Je suis parti parce que la vie m’étouffait comme le col d’une chemise trop serré. Je voulais vivre de la lenteur, de la simplicité et de l’émerveillement. Ne garder que l’essentiel. Mais on ne peut pas garder l’essentiel, on le découvre » relate-t-il alors.
Le réalisateur Safy Nebbou (L’empreinte de l’ange en 2008 et L’autre Dumas en 2010) a décidé d’adapter cet exil volontaire autobiographique, hors du temps urbain, vécu aux couleurs des ciels immenses et des étendues glacées sur la côte nord-ouest du lac Baïkal en Russie. Le héros dans le film s’appelle Teddy et va rencontrer un autre solitaire : un Russe contraint de se cacher. Le quotidien de l’ermite volontaire s’organise autour de tâches incontournables pour sa survie, au contact d’une nature rude, et des moments de liberté gagnée sur la nécessité. À l’image des glissades à plat ventre sur le lac gelé, du bain au sortir du sauna local ou d’un air de musique à la trompette joué en un concert libérateur. La vodka coule parfois à flot et l’intrigue peine à toucher sur la durée.
Mais qu’importe : l’appel de la forêt, de la vie en quête de silence et de ralentissement est intact. La musique d’Ibrahim Maalouf porte cet hymne au Dieu des grands espaces et des intériorités retrouvées.
[/Robert Migliorini/]
Dans les forêts de Sibérie, film de Safy Nebbou, avec Raphaël Personnaz et Evgueni Sidikine. Durée : 1h45. Sortie depuis le 15 juin