Accélérer jusqu’où ? La question valait le coup d’être posée. Elle n’est pas originale en soi mais le fait qu’elle soit posée par un mouvement comme le MCC a le mérite de son angle d’attaque. De ce que j’ai pu entendre le dimanche matin, il ne s’agissait pas tant de lutter contre l’accélération du temps que de bien situer l’homme au cœur de cette accélération ressentie tantôt douloureusement, tantôt avec bonheur. Garder la maîtrise du temps est un vrai défi et le MCC a osé proposer largement, le temps d’un week-end, de le suspendre pour mieux le comprendre et l’apprivoiser. Bravo ! Compte-tenu de l’agenda des participants, il y a là une véritable interpellation, un enseignement à la fois sur le fond et dans la forme. Quel paradoxe… C’est quand le temps nous échappe qu’il est urgent d’en prendre !
Alors que nous nous disposons à accueillir ce mystère inouï de la venue de Dieu en notre chair, prenons conscience de la valeur de notre temps, qui est aussi le temps de Dieu. Qu’il accélère ou décélère, le temps doit rester l’allié de l’homme pour se construire dans la juste relation avec soi-même, avec les autres, avec Dieu. Dans la constitution conciliaire sur l’Église, nous lisons : « C’est [aux laïcs] qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur » (Lumen gentium n° 31). Alors que nous nous préparons à accueillir la venue du Seigneur dans notre temps, qu’il vous soit donné d’y trouver le plus souvent possible, le goût de l’éternité, le goût du Bonheur auquel le Seigneur nous appelle très durablement, de vous y tenir et de le faire connaître …
+ Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard,
évêque accompagnateur du MCC