Ce livre est un cri du cœur car pour son auteur, ancien directeur général et directeur financier de la Banque mondiale, nous ne pouvons renoncer à agir par faiblesse ou déni. Nous devons au contraire pousser nos dirigeants à donner l’exemple et faire de la solidarité subie une solidarité assumée, revendiquée. « Money honnie ? ou Money honey ? » : le manifeste de Bertrand Badré s’achève sur ces mots qui soulignent l’ambivalence de l’argent, « outil qui a été dévoyé ».


On ressent la peur d‘être dépassé par un mouvement que les peuples ne comprennent plus, alors que l’humanité n’a jamais été aussi riche mais cette abondance est loin d’être partagée. Le pire ou le meilleur est devant nous, alors que 2015 a prouvé que l’humanité peut avoir des sursauts de confiance et d’audace (conférences d’Addis Abéba, de New York et Paris). Pour la première fois l’humanité s’est donnée des objectifs communs et mesurables (Objectifs du millénaire pour le développement ou OMD) qui ont permis d’augmenter l’aide publique au développement de 74 milliards de dollars et de diminuer de 500 millions le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Explosion démographique déréglementation et endettement ont emballé la machine à fabriquer des liquidités et la finance sans maître a mené au scandale des subprimes et à la crise de confiance.

Il est urgent de montrer qu’on peut traiter par la coopération tout un ensemble de problèmes mondiaux. La mondialisation peut encore contribuer au pire comme au meilleur. Et l’Europe pourrait se dire qu’elle est à l’aube de ses plus belles années : si nos dirigeants signent des accords comme lors de la COP21, nous avons le devoir de nous emparer du sujet et de « sanctionner » les grands acteurs de notre société. Et comme disait Thérèse d’Avilla « l’argent est un excrément du diable, mais pour cette terre, quel bon engrais ! ».

[/Bernard Chatelain/]

Money Honnie – Et si la finance sauvait le monde ?

Bertrand Badré, Débats publics 2016, 304 pages – 18€