« Mon mari me dit parfois : il est grand temps que tu ailles à ta réunion MCC ! »
Évolutions de carrière, éducation des enfants, décès de sa mère… Par le cheminement en équipe, le MCC a donné à Laurence Debroux un fil conducteur et la certitude de ne jamais être seule dans les décisions ou les situations difficiles. Même lorsqu’elle n’a pu les partager, imaginer ce que le partage aurait pu être l’a aidée à dégager ses propres solutions, dans la fidélité aux valeurs communes de l’équipe.
« Dans mon cas, j’ajoute que mon mari étant athée, ma pratique de la religion se fait en marge de la vie familiale et c’est surtout en équipe que je me sens en Église. Pour l’anecdote, lorsque je suis tentée de baisser les bras dans les combats qui me tiennent à cœur, mon mari finit toujours par me dire : il est grand temps que tu ailles à une réunion MCC…
L’équipe est avant tout un lieu de bienveillance et de sincérité. Cela pourrait être un lieu de confort et de facilité mais ce n’est pas le cas. Nous sommes profondément ensemble, traversés par le même mystère, et pourtant tous différents. Le regard que nous portons sur nos vies n’est pas un regard d’entre-soi mais un regard tourné vers les autres.
Enfin, le MCC m’a apporté une ouverture à la spiritualité ignatienne et à ses exercices spirituels. Discerner est un des verbes les plus beaux et les plus riches de sens que je connaisse. Tout acte libre est le lieu de la rencontre avec Dieu et c’est ici et maintenant que cela se passe. Cette spiritualité de la liberté et de la responsabilité est pour moi une source de joie et d’énergie dans l’action.
Au fond, il m’aura fallu 40 ans pour comprendre la parabole de Marthe et Marie, cesser de m’identifier à Marthe, d’en vouloir à Jésus de ne pas demander à Marie de m’aider… Ce cheminement et cette transformation, je les dois largement à la spiritualité en équipe et au MCC ».
[/Laurence Debroux, 47 ans, équipe Esperanto /]
Et Dieu dans tout ça ? Une équipe de trentenaires débat
En finale, nous donnons la parole à cette équipe qui s’était donné rendez-vous à l’abbaye de Saint-Benoît sur Loire. Au programme du week-end : soleil, bilan d’équipe, convivialité, détente et spiritualité. À la demande de Responsables ces huit MCC de 34, 35 et 36 ans ont échangé sur leur expérience et désir de spiritualité. Dialogue spontané, simple et confiant, en présence de leur accompagnateur. Extraits de ces trente minutes saisies au vol.
La première à se lancer, Bénédicte, parle de « pause », de « compagnonnage », de « rendez-vous mensuel permettant de relire ma vie ». Elle précise « le point de vue des autres nous éclaire ou nous heurte : ça me fait réfléchir, avancer ». Juste après elle, c’est Fabrice qui avoue : « je suis sec, je ne sais pas définir l’apport spirituel du MCC pour moi ». Et pourtant quelques minutes plus tard il parlera de « soutien » et demandera « alors pourquoi dis-tu que ça soutient ta foi alors qu’on parle assez peu de Dieu dans nos réunions ? ». Clotilde rebondit : « se laisser interpeller par les autres, est-ce spirituel ou pas spirituel ? Je ne sais pas. Je me sens accompagnée et accompagnante ». « J’ai besoin d’appartenir à une communauté, sinon je sais que je vais lâcher ma foi » poursuit Julia qui ajoute « j’ai un engagement vis-à-vis des autres membres ». Car c’est « hyper facile de lâcher ».
Soudain, la réflexion change de ton avec Ségolène. Elle raconte « le MCC a changé énormément de choses dans ma vie. » Après la fin de ses études, elle se contentait simplement d’aller à la messe. « La foi est liée aux échanges qu’on a… Être chrétien, c’est vivre une union et Dieu nous a donné les moyens de cette union… Seul, on ne fait pas grand chose. Dans les moments super difficiles, savoir que j’aurai une réunion le mois prochain, ça accroche ». Plus concrètement elle précise que « ce qu’elle partage en équipe fait écho à ce que je vis dans ma vie professionnelle, met les choses en perspective. L’enseignement que nous avons reçu ce week-end, donné par un moine de cette abbaye, sur le « Lavement des pieds » m’a fait comprendre que c’est Dieu qui vient à nous et pas l’inverse. Cela m’éclaire pour les semaines qui viennent. »
Les mots de la fin disent la « chance d’être témoins de la foi des autres », la certitude de voir « la présence de Dieu dans chacun à travers des choses concrètes qui me parlent plus qu’une spiritualité désincarnée ». « Artisans du Royaume » aime à dire leur accompagnateur.
Ps : Pour respecter leur demande, tous les prénoms ont été changés.
Vitrail-Henri Matisse – L’arbre de vie – 1950 – Couvent des Dominicaines de Vence
Photo Marie-Suzanne de Ponthaud