Nous proposons cette analyse du P. Louis C tirée de son expérience d’aumônier d’équipes.
I. Pourquoi vient-on au M.C.C. ?
Il s’agit si j’ai bien compris, de cerner nos motivations à venir au MCC. D’emblée, je tiens à dire que je ne pourrai pas répondre à cette question, car les réponses appartiennent à chacune et à chacun d’entre vous .
En revanche ce que je me propose de faire c’est de vous indiquer quelques éléments ou clés qui permettent, je l’espère, à chacune et chacun de formuler sa propre réponse.
1 / la rencontre de Jésus avec ceux et celles dont il croise la route .
Il m’est venu l’idée d’aller voir dans l’Evangile dans quelles conditions ou circonstances se produit la rencontre de Jésus avec les hommes et les femmes dont il croise la route, et j’ai été voir surtout l’évangile de Saint Marc, considéré généralement comme le plus « ancien » (vers les années 60 ap. J.C.).
On remarque d’entrée qu’il y a deux catégories de gens : ceux qui vont au devant de Jésus et ceux au devant desquels va Jésus.
1.1 Ceux qui viennent à Jésus : il y en a quatre « profils »
— a) Ceux qui implorent guérison :
Ainsi le paralytique (Mc 2.1-13), Jaïre (Mc 5. 21-43), la Syro-phénicienne (Mc 7. 24-30). Ceux-là sont souvent amenés à Jésus par des tiers.
— b) Ceux qui veulent l’interpeller ou même le piéger sur des questions controversées.
Ainsi les pharisiens au sujet du divorce (Mc 10. 1-12), les Sadducéens au sujet de la résurrection des morts (Mc 12. 18-27), ou les pharisiens et les Hérodiens au sujet de l’impôt à César (Mc 12. 13-17) ;
— c) Ceux qui cherchent loyalement la vérité ou le sens de leur existence ou de leur vie religieuse.
Ainsi le scribe (Mc 12. 28-34) ou l’homme riche (Mc 10. 17-22). Ceux-ci sont animés par un esprit d’humilité et de bienveillance.
— d) Sa famille et ses proches (Mc 3. 31-35) qui veulent ramener Jésus à la raison comme si Jésus portait atteinte à la réputation ou à l’honneur des siens.
1.2 Ceux vers qui Jésus va : là encore il y a plusieurs « profils » de rencontre
* Ses compatriotes de Nazareth (Mc 6. 1-6) à qui Jésus veut faire re-connaître sa mission ou son message.
* Les enfants (Mc 10.13-16) qu’il accueille en bousculant les conventios habituelles.
On peut ranger dans cette catégorie ou ce profil de contestation des habitudes la colère de Jésus face aux vendeurs du Temple (Mc 11. 15-19) .
* L’homme à la main desséchée (Mc 3. 1-6) que Jésus prend l’initiative de guérir un jour de Sabbat.
* Enfin et surtout les disciples : Jésus fait littéralement irruption dans leur vie, il les arrache à leur existence et les appelle à marcher à sa suite (Mc 1. 16-20, 2. 13-17, 3. 13-19).
1.3 Et nous comment est-on venu au MCC ou comment le MCC est venu à nous ?
A. Si on est venu au MCC, ce peut être
– Parce qu’on cherche un sens à notre existence, ou parce qu’on est travaillé par une question ou une inquiétude.
– Parce qu’on a des comptes à régler avec le passé, l’éducation reçue, la hiérarchie professionnelle ou l’Eglise
– Parce qu’on cherche à guérir ou du moins à vivre un peu moins mal avec certaines fragilités ou certaines blessures, ou avec sa solitude.
B. Si le MCC est venu à nous, ce peut être :
– Parce qu’il a fait irruption dans notre vie à travers un tract, un article, ou une prise de position originale..
– Parce que l’un ou l’autre de ses membres a témoigné d’une attitude de bienveillance, ou à l’inverse, d’une attitude de colère salutaire.
– Parce que ici ou là les membres du MCC ont osé déplacer les conventions admises ou déranger les habitudes … suscitant ainsi de l’extérieur notre propre questionnement.
1.4 Epilogue : Comment a commencé notre histoire personnelle avec le MCC ?
A. D’abord vous aurez remarqué que je n’ai pas envisagé l’hypothèse qu’on puisse venir au MCC ou que le MCC puisse venir à nous pour nous ramener à la raison !
Mais est-ce une hypothèse farfelue ?
B. Surtout il me paraît important de relire le commencement de notre histoire personnelle avec le MCC, l’enjeu est à la fois simple et fondamental : il s’agit simplement d’avoir conscience et de prendre acte de la diversité de nos attentes personnelles, de nos histoires personnelles, en particulier dans ou hors de l’Eglise et des communautés chrétiennes.
L’équipe MCC ne peut devenir et grandir comme équipe que dans la vérité et le respect de cette diversité d’histoire(s) et d’attente(s), tout comme les premières communautés chrétiennes n’ont pu grandir que dans le respect des traditions originelles de ses membres
(cf Epitre aux Romains Actes 15. 5-28).
II L’équipe MCC, cellule d’Eglise ?
Il s’agit, dans ce deuxième temps d’indiquer quelques critères de discernement pour apprécier la “qualité ecclésiale”c’ de la vie de nos équipes MCC.
2 / une expérience pascale de relecture.
2.1 Une expérience de relecture
A. A l’origine de la foi de la première communauté apostolique, il y a d’abord une démarche de relecture de l’expérience vécue dans l’événement de la mort / résurrection de Jésus.
Le partage en équipe MCC est ou devrait être normalement le lieu (ou le moment) d’un ‘’retour sur images’’ de nos expériences passées ou présentes.
B. Une expérience de relecture née de la ‘’traversée’’ d’une crise plus ou moins profonde.
Cette expérience de relecture des Apôtres est marquée par un sentiment d’échec voire de désespoir né de la mort de Jésus.
Le partage en équipe MCC est ou devrait être normalement le lieu d’un regard ‘’posé ‘’ sur nos fragilités d’hier ou d’aujourd’hui, sur notre confrontation à l’adversité (quelque soit la nature ou le poids de cette adversité).
C. Une expérience de relecture ouvrant à une compréhension renouvelée de notre chemin de vie et de son sens (c’est-à-dire de son orientation et de sa signification).
2.2 Une expérience de fraternité ecclésiale
A. Une expérience de fraternité, c’est-à-dire de confiance partagée.
Une équipe MCC c’est ou devrait être un lieu d’écoute, de soutien mutuel, d’accueil réciproque (et vous l’avez effectivement dit dans le premier temps de partage de cet après-midi, cette confiance partagée vous la vivez effectivement dans vos équipes).
Trois indices de cette fraternité :
Une vie qui circule entre équipiers hors réunion
L’aveu effectif de nos propres blessures (échec professionnel, rupture affective)
Solidarité en acte pour les petites ou grandes besognes de la vie quotidienne (déménagements, ou aménagement d’intérieur, etc.)
B. Une expérience « de fraternité ecclésiale » c’est-à-dire de partage d’un minimum de foi commune :
– dans la diversité de ses expressions et de ses choix (on n’est pas tous croyants de la même façon)
– dans l’ouverture aux autres équipes MCC et aux autres instances du MCC (on n’est pas une équipe MCC seule dans son coin)
– dans l’ouverture aux autres réseaux d’Eglise (à côté du MCC il y a d’autres associations, mouvements ou communautés d’Eglise, à commencer par la paroisse de notre domicile … )
C. Une expérience de fraternité ecclésiale vécue en référence à et à la lumière de la Parole de Dieu et de la tradition de l’Eglise :
La source première de notre expérience de relecture et de fraternité c’est l’expérience des premières communautés chrétiennes telles qu’elles en ont laissé la trace dans l’Evangile et les lettres apostoliques de Paul, Pierre, Jacques et Jean.
2.3 Une expérience d’unification intérieure et de structuration spirituelle
A. Unification au sens où nous faisons l’expérience que peu à peu nous parvenons à mettre à leur juste place les différents aspects de notre vie, au sens où nous parvenons à discerner plus clairement les vraies priorités dans nos choix de vie, bref au sens où nous nous sentons moins écartelés entre vie professionnelle, vie de famille, de couple et vie personnelle.
B. Unification spirituelle au sens où nous parvenons à pressentir un peu mieux l’esprit ou le souffle qui nous anime à l’intérieur et qui nous pousse à agir.
C. Induisant une conversion, c’est-à-dire un retournement de nos manières d’être et d’agir.
– Au service de nos frères et sœurs en humanité (c’est-à-dire de nos collègues, de nos amis et proches, mais aussi de notre prochain lointain, inconnu et anonyme).
– Mais aussi au service de ce mouvement MCC vers qui nous sommes allés ou qui est venu à nous, pour lui rendre un peu ou beaucoup de ce qu’il nous a apporté, à travers le partage des services des tâches ou des responsabilités.
« Je vous exhorte donc mes frères au nom de la miséricorde de Dieu à vous offrir vous-même en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce sera là votre culte spirituel. »
(Ro. 12 1)
P. Louis C.