Pourquoi parler du journalisme dans cette newsletter ? À partir de ce point d’entrée, c’est toute la question de la maîtrise et du partage de l’information qui est abordée, avec ses implications sur la démocratie et sur la pression croissante du Big Data. Antoine de Tarlé est particulièrement bien placé pour nous alerter sur ces sujets, compte tenu des nombreuses responsabilités qu’il a exercées dans le monde des médias, et souvent dans des revues d’inspiration chrétienne.
Le livre explique comment l’économie numérique a bouleversé le journalisme dont le fonctionnement allait, jusqu’à peu, de pair avec professionnalisme, pluralisme, accessibilité au plus grand nombre à un coût accepté.
La diffusion numérique a d’abord été vue comme une chance d’élargir la diffusion et de réduire le coût du papier. Mais très vite les plateformes numériques géantes ont capté l’essentiel des recettes publicitaires, pourtant indispensables à l’équilibre économique des journaux. Par la connaissance de plus en plus précise des attentes de chacun de leurs utilisateurs, ces plateformes ont convaincu un très grand nombre d’annonceurs.
Et les messages ciblés touchent des pans de plus en plus vastes, la consommation courante d’abord, maintenant les comportements politiques et la vie personnelle de chacun.
Le journalisme travaillé, avec des sources recoupées et interprétées, existe encore. Mais, payant, il ne touche qu’une petite minorité de lecteurs. La grande majorité, qui jadis profitait d’une certaine ouverture de journaux à large audience, se contente maintenant de l’information gratuite, immédiate, parfaite et conforme à leurs attentes. Et ce fonctionnement en cercle fermé est particulièrement propice à la prolifération des fake news.
Antoine de Tarlé annonce des pistes pour sortir de cette dégringolade. Hélas, elles sont fragiles, reconnaît l’auteur lui-même. Faisons toutefois l’effort d’en prendre connaissance.
Arnaud Laudenbach