Dans le département des Vosges, la solidarité active de salariés licenciés, de personnes handicapées et d’ingénieurs du bois a permis de sauver et créer des centaines d’emplois. Témoignage des dirigeants.
L’usine de pièces automobiles de Ramonchamp est mise en faillite en juillet 2012. D’abord, tout semble perdu. La fermeture paraît inéluctable. Plus de trésorerie. Et puis des cadres et de nouveaux responsables syndicaux unissent leurs efforts. Ils négocient un plan social et montent avec leurs avocats le projet d’une PME qui préserverait 85 emplois. Xavier Grandjean et son équipe arrachent le soutien d’une seule banque (la Banque de France) et d’une seule assurance (23 autres se sont dérobées). La bagarre est rude : « le 23 janvier 2013, quand les gars sont venus signer leur contrat de travail, j’ai fait des photos ! », s’exclame le jeune PDG de Vt2i : « une aventure industrielle a démarré : tout n’est pas rose, mais les chiffres sont bons ! »
La crise automobile a aussi fait déraper les entreprises dédiées au travail pour les handicapés. Comment préserver leurs emplois ? « On a développé une culture de l’agilité : nos salariés sont habitués à changer de métier », dit Daniel Colin, directeur d’EA Entreprise près d’Épinal. En formant des personnes au travail dans des centres d’appel, on a créé 25 postes en trois ans. »
Bref, la mutation qui sauve, c’est l’innovation. L’ingénieur Jérémy Boucher s’enthousiasme de l’essor de Pavatex, 49 salariés, qui fabrique des panneaux isolants à base de fibre de bois. Un défi épineux en temps de crise ? Dans un monde complexe à l’avenir imprévisible, rappelle Bernard Michel, responsable du secteur MCC des Vosges, il faut plus que jamais cultiver le risque de la foi ! Et s’engager, car le mouvement, c’est la vie !
Jean Paul V.