Pour répondre à la crise de la gouvernance de l’Église, illustrée par la crise des abus sexuels, Agnès Desmazières, docteure en théologie et en histoire, maître de conférences au Centre Sèvres, développe la théologie du laïcat, déjà expérimentée dans les mouvements d’Action catholique et introduite lors du concile Vatican II par des théologiens comme Yves Congar, op. Ainsi, dans Lumen Gentium, le concile reconnaît que « la vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu » (§31, 1964). On peut parler ainsi d’une vocation des laïcs, c’est-à-dire, d’un appel personnel de Dieu à la sainteté, qu’ils vivent dans une sécularité partagée avec leurs contemporains et qui s’épanouit de manière diversifiée dans et pour l’Église. Elle se manifeste particulièrement dans un métier vécu avec compétences, liberté et charité ou dans la famille quelle que soit sa situation, comme le reconnaît l’exhortation apostolique Amoris Laetitia (2016). La constitution pastorale Gaudium et Spes en précisait déjà la modalité : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (§1, 1965).
Cette expérience de proximité missionnaire peut renouveler une Église tentée par le repli sur soi. Car elle appelle à dépasser les clivage clercs/laïcs et ouvre sur une véritable co-responsabilité dont le synode sur la synodalité explore les contours.
Bertrand Hériard, aumônier national
Agnès Desmazières, L’heure des laïcs, proximité et coresponsabilité, Salvator, 2021, 20 €, 216 p.