Nombreux sont ceux qui pensent que nous vivons dans un monde fracturé, morcelé entre des espaces de prospérité et d’autres où la vie quotidienne ressemble parfois à de la survie. Les inégalités augmentent alors même que le niveau de vie moyen continue d’évoluer positivement. La qualité du vivre ensemble se dégrade, notamment dans des territoires, des villes, qui étaient antérieurement des lieux de cohésion sociale. Cependant, dans une société rongée par l’individualisme, on voit simultanément les élans de solidarité se multiplier, des personnes faire des choix personnels qui les engagent à rebours de la tendance dominante.
- Commençons par un état des lieux :
- Partageons-nous le constat ci-dessus ? Comment chacun réagit-il dans ce contexte ?
- Est-ce que nous côtoyons – ou vivons nous-mêmes – des situations concrètes qui sont l’illustration patente de la montée des inégalités, d’une fragilisation du lien social ?
- Quelles sont les initiatives de solidarité que nous connaissons ou auxquelles nous participons dans notre environnement immédiat, au travail et dans la cité ?
- Méditons à l’appui du texte suivant :
« Si le bien-être économique mondial s’est indubitablement accru au cours de la seconde moitié du XXe siècle, avec une mesure et une rapidité jamais perçues auparavant, il faut cependant noter que, parallèlement, les inégalités se sont amplifiées au sein des différents pays, comme aussi entre les nations. Un grand nombre de personnes continue de vivre dans l’extrême pauvreté. […] Un égoïsme aveugle semble parfois prévaloir, limité au court terme ; faisant fi du bien commun, il exclut de ses horizons la préoccupation non seulement de créer mais aussi de partager la richesse et d’éliminer les inégalités aujourd’hui si aiguës. […] L’heure est donc venue de favoriser la reprise de ce qui est authentiquement humain, d’élargir les horizons de l’esprit et du cœur, pour reconnaître loyalement ce qui vient des exigences de la vérité et du bien, ce sans quoi tout système social, politique et économique est destiné, à la longue, à l’échec et à l’implosion. Il est toujours plus clair que l’égoïsme n’est finalement pas payant, mais fait payer à tous un prix trop élevé ; si donc on veut le bien réel de tous, « l’argent doit servir et non pas gouverner ! » (Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel1, paragraphes 5 et 6, Vatican, Dicastère pour le Service du Développement Intégral, janvier 2018).
- Que pouvons-nous, que voulons-nous faire ?
La réponse ne peut être que personnelle, en « je ». Mais il est bien d’y réfléchir ensemble. Voici quelques idées, la liste n’est pas fermée…
Des réponses de vigilance :
- Augmenter ma conscience et mon attention concernant les situations réelles que vivent les personnes que je rencontre dans vie quotidienne, et aussi celles que je ne vois pas ou ne veux pas voir.
- De même, être lucide sur les conséquences que l’activité de mon entreprise peut, le cas échéant, avoir sur des populations qui en dépendent, dans mon environnement comme à l’autre bout du monde.
- Me tenir mieux informé non seulement des faits mais aussi des études et des prises de position qui donnent la mesure des dangers qui menacent la cohésion de nos sociétés.
Des réponses de comportement :
- Être attentif à mon attitude et au regard que je porte spontanément sur les personnes fragilisées par la dureté de la vie actuelle, exclues ou en voie d’exclusion autour de moi, au travail, dans la rue.
- Apprendre à modifier mon comportement, les regarder autrement, aller vers elles quand c’est possible, être davantage leur prochain dans les gestes de la vie quotidienne…
Et pour aller plus loin si j’en ai le désir et la capacité :
- Envisager des options nouvelles pour ma vie personnelle, par exemple un engagement dans un bénévolat social compatible avec mon activité professionnelle, ou encore dans un cercle de réflexion sur les transformations de notre société.
- Ou bien le cas échéant un changement d’entreprise et/ou de métier si mon activité actuelle me paraît critiquable d’un point de vue éthique.
- Ou encore dans certains cas une réelle conversion professionnelle parce que je suis attiré par un engagement de type social ou humanitaire…
Christian Sauret
1 Le MCC organise, avec le CERAS, le Service national famille et société de la Conférence des Évêques de France et la Commission Justice et Paix une soirée-débat autour de ce document : « Église et monde financier : le dialogue est-il possible ? » le 6 juin à 19h30