A côté des entreprises capitalistes ou publiques, est-il possible de faire fonctionner une autre forme d’entreprise plus respectueuse de ses employés, de ses clients, de son environnement, notamment territorial ?
Hugues Sibille, vice-président du Crédit Coopératif, a consacré sa vie depuis sa sortie de Sciences-Po à « une quête patiente et rigoureuse de l’innovation sociale », comme le souligne Jacques Delors dans sa préface.
Au sein du Crédit coopératif, une banque ancrée dans l’économie de marché, il s’efforce de développer un contrôle des clients sur les choix de leur banque ; sans attendre une taxe Tobin, il s’applique une « contribution volontaire sur les transactions de change » ; et il défend l’entrepreneuriat social où les excédents sont mis en réserves impartageables, où la gouvernance repose sur la règle « une personne, une voix » et où l’écart maximum des rémunérations est de 1 à 10. Pour soutenir l’économie sociale et solidaire, il invente, notamment le livret ou la carte « agir ».
Favoriser l’innovation sociale, c’est soutenir la création des « Coopératives d’Activité et d’Emploi », ou des « entrepreneurs territoriaux », à l’image d’ « Archer » dans la Drôme. C’est aussi favoriser le développement local, constituant une économie abritée de la concurrence acharnée par la proximité, ou créer avec de grands groupes internationaux, un Institut des Managers du Développement Local où ont été formés 400 managers. C’est enfin aider en réseau des initiatives comme France Active, France Initiatives, les boutiques de gestion, l’Adie, créer les emplois-jeune ou la loi sur les coopératives d’intérêt collectif, actions qu’il a favorisées lorsqu’il a été délégué interministériel à l’innovation sociale et à l’économie sociale de 1998 à 2001.
Mais le monde associatif est menacé par la crise, et il doit de plus en plus répondre à des appels à projets qui accaparent ses ressources humaines.
Alors soutenons par tous nos moyens l’économie sociale et solidaire !
Bernard Chatelain
La voie de l’innovation sociale
Entretien avec Hugues Sibille, Rue de l’échiquier 2011, 128 pages – 12 €