Nous le savons, les deux crises, climat et biodiversité, sont liées : la perte de biodiversité doit cesser pour atteindre 1,5° C, et l’atténuation du changement climatique contribue au maintien des écosystèmes. Peu évoquée dans les médias, la COP 15 sur la biodiversité, qui s’est tenue à Montréal du 7 au 19 décembre 2022, était, à ce titre, cruciale. Il s’agissait de définir une feuille de route avec des objectifs précis et de lancer un plan de financement, pour enrayer l’alarmante destruction des écosystèmes des espèces vivantes. Selon la Zoological Society of London, 69 % de la population de la faune sauvage a disparu entre 1970 et 2018.
Les attentes de la société civile étaient grandes. Parmi celles-ci, le Réseau Action Climat, collectif de 27 associations incluant le CCFD, citait les points suivants :
– Enrayer et inverser la tendance à l’effondrement de la biodiversité d’ici 2030.
– Augmenter le financement de la biodiversité.
– Garantir les droits des peuples autochtones et mettre en valeur leurs apports et connaissances dans la mise en place de politiques de protection du climat et de la biodiversité.
– Ne pas laisser de place aux fausses solutions et au greenwashing pendant cette COP. Si de nombreuses bonnes pratiques pour protéger le climat et la biodiversité émergent, beaucoup de mauvaises circulent également et sont même représentées pendant les COP, comme la plantation d’arbres en monoculture sans considération des besoins de la faune et flore locale, ni des droits des peuples autochtones. La protection des forêts primaires, l’agro-écologie ou encore l’arrêt de la déforestation sont bien plus efficaces et adéquates pour lutter contre la perte de biodiversité.
Le 19 décembre à Montréal, les 190 États ont signé un bon accord, sur 24 objectifs, et notamment :
– Protection en 2030 de 30 % des surfaces terrestres et maritimes (contre 17 % et 8 % aujourd’hui), en y limitant l’activité humaine.
– Restauration de 30 % des espaces maritimes et terrestres dégradés.
– Réduction de moitié au moins du risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux.
– Fonds de 20 milliards $ par an pour les pays pauvres d’ici 2025, 30 en 2030 (5 à 7 aujourd’hui). Reconnaissance des populations autochtones comme gardiens de la biodiversité.
Chaque pays devra avoir son plan de défense de la biodiversité en 2030, et un suivi sera possible par la mise en place d’indicateurs et de reporting standardisé… Mais aucun mécanisme incitatif ou contraignant n’est prévu pour la révision d’un plan qui ne serait pas sur la bonne trajectoire.
Jean-Marie Patoureaux, MCC Manosque, CCFD 04