Ce livre est le fruit de la réflexion de praticiens de l’entreprise. Son auteur, Romain Lavault, est membre de Centesimus annus pro pontifice (CAPP), une fondation liée au pape dont l’objectif est de mieux faire connaître et approfondir la doctrine sociale de l’Église (DSE).
Il aborde la problématique du dirigeant d’entreprise confronté à de nombreux défis et transitions : la complexité, le déphasage entre les marchés et le développement humain, les pressions nouvelles sociétales, le souci écologique, la demande de sens des jeunes collaborateurs dont la vision du monde s’imposera. L’auteur suggère de fonder de nouvelles pratiques managériales basées sur la confiance, le respect de la dignité humaine, la recherche du bien commun, l’application de la subsidiarité, le souci de la solidarité (lien avec la DSE et Laudato si’). Dans ce moment historique, il constate que le système ne fonctionne plus et qu’il faut redéfinir une nouvelle économie.
Avec la crise du covid, dans un monde confiné et dématérialisé, une porosité entre sphère professionnelle et sphère intime nouvelle apparaît ; beaucoup en entreprise ont pris conscience de la valeur de certains métiers moins rémunérés mais indispensables. À l’échelle des entreprises, le télétravail bouleverse les codes de la subsidiarité ; la confiance est plus difficile à bâtir.
Après la course effrénée à la rentabilité, le dirigeant d’entreprise est amené à repenser la création de valeur et à faire évoluer son business model en faveur de l’écologie intégrale : capital humain, temps long, rentabilité plus durable. L’émergence de sociétés à mission, la RSE, l’économie sociale et solidaire démontrent la prise de conscience du rôle à jouer par l’entreprise dans la réalisation du bien commun. Outre le bilan comptable, l’entreprise doit prendre en compte le capital humain et le capital écologique. Si le travail est pour l’homme un moyen d’exprimer sa dignité inaliénable, le chef d’entreprise donne la possibilité à ses collaborateurs d’accomplir leur vocation.
Selon Romain Lavault, le dirigeant a besoin de discernement et de spiritualité pour prendre les bonnes décisions, incarner un leader authentique doté d’une autorité exercée en vérité : il est celui qui porte en lui, entretient et incarne une vision claire le reliant au bien commun, à la mission de l’entreprise ainsi qu’à sa vocation personnelle (richesse trinitaire pour un chrétien), cohérence pour ne pas produire que des normes ou des commandements. Qu’il soit chrétien ou non, la DSE lui offre une boussole bien adaptée, pour maintenir l’unité entre convictions personnelles et pratiques.
Marie-Elisabeth Clément, équipière à Paris et bénévole au MCC
NB : à la fin du livre, les questions proposées à partir des principes de la DSE aideront les équipes à construire une rencontre mensuelle.
Chef d’entreprise en temps incertains, Romain Lavault, Éditions Salvator, 116 p, 2021, 10 €