Le Chemin synodal allemand constitue l’une des manifestations les plus remarquables de la démarche synodale initiée par le Pape François : par sa durée de trois années entre janvier 2020 et janvier 2023 ; par la transparence des procédures destinées à assurer la participation de tous les baptisés ; par l’étendue des thématiques abordées en réponse au scandale des abus sexuels. L’Église allemande ne semble pas avoir été affectée plus gravement que d’autres par ces abus. Mais pour des raisons propres au catholicisme allemand, en particulier le traumatisme toujours présent de la guerre, le scandale y aura retenti de façon particulièrement lourde.
En janvier dernier, s’est achevé ce chemin synodal avec une ample moisson de décisions, pour la plupart de portée nationale ou diocésaine, notamment celles qui établissent des contre-pouvoirs à différents niveaux de décisions. Pour d’autres, comme pour ce qui concerne l’accès éventuel des femmes aux ministères ordonnés, ou le volontariat du célibat sacerdotal ou encore la reconnaissance de l’égalité en dignité des unions homosexuelles, le Chemin synodal ouvre des interrogations qu’il soumet à l’Église universelle.
Pour beaucoup, y compris au Vatican, le fait même d’avoir soulevé de telles questions constituerait une imprudence, pouvant mettre en danger la cohésion de l’Église. L’Église allemande est-elle allée trop loin ? De mon humble point de vue d’observateur témoin direct de ce processus délibératif, je ne le pense pas. Peut-être est-elle allée trop vite, faisant ressortir des écarts de sensibilité jusque-là peu visibles avec d’autres églises, en Europe notamment. J’espère que les prochaines rencontres mondiales du synode sur la synodalité permettront, avec un peu de temps et de collégialité entre les Évêques, de rentrer dans une intelligence mutuelle des communautés dont ils ont la charge, avec l’aide de l’Esprit saint.
Jérôme Vignon
Observateur avec Mgr Didier Berthet du Chemin synodal allemand, ancien responsable national du MCC (1974-1978)