L’auteur de bandes dessinées Guy Delisle a passé un an à Jérusalem pendant que sa compagne travaillait pour Médecins sans Frontières. Père au foyer, il se perd dans la ville et au-delà, volontairement candide, un carnet de croquis et le crayon à la main.
Le dessinateur a le sens de l’humour et de l’observation, deux conditions essentielles pour épingler avec une certaine bonhommie les réalités terrestres de cette terre trois fois sainte. Immergé dans le quotidien de la population par l’intermédiaire de ses enfants, il peine à trouver du temps pour travailler et ses contacts professionnels tant avec les Israéliens qu’avec les Palestiniens ne semblent pas très féconds. Rassemblées et écrites à son retour, Guy Delisle sort pourtant de ses péripéties une chronique très humaine de la vie à Jérusalem, dans laquelle se reconnaîtront en souriant tous ceux qui ont passé un peu de temps là-bas. Avec le dessinateur, le lecteur promène tour à tour un regard d’expatrié distancié, étonné, désarçonné, exaspéré, amusé, attristé, surpris, énervé ou contemplatif sur les différentes facettes de cette étrange terre à laquelle tant de personnes de religions différentes se sentent reliées. Son graphisme en noir et beige émaillé de pointes de couleur restitue parfaitement l’atmosphère de la vieille ville, des faubourgs palestiniens et des colonies résidentielles qui enserrent la cité. Sans répit, il croque des scènes cocasses comme seule peut les réserver la ville sainte, mais également ce havre de paix caché au sein d’une église protestante et la beauté fascinante des collines environnantes. Et puis le drame est là en filigrane, avec ce mur que l’on ne peut pas toujours contourner ou la bande de Gaza qui restera un monde sans images, faute pour le dessinateur d’avoir pu y pénétrer…
Anne-Isabelle B.
Chroniques de Jérusalem
Guy Delisle, Editions Delcourt 2012, 332 p. – 25 €
A découvrir également du même auteur : Chroniques birmanes, Editions Delcourt 2007, 272 p. – 16,11 €