Mgr Rouet s’interroge sur la transmission de la foi dans notre monde où l’indifférence et le désintérêt ont remplacé le questionnement existentiel ou le refus de la transcendance.
Nombre de personnes se disent très loin des questions religieuses même si certaines célébrations font encore partie des festivités familiales, l’homme ne s’interroge plus sur le sens de la vie mais sur sa vie. Le croyant est prié de justifier sa foi « à quoi ça te sert ? » et panique à l’idée du très petit nombre de ceux qui croient. Le concile nous incite à dialoguer, mais comment, si l’interlocuteur n’a pas de convictions, si son désir d’autonomie refuse toute dépendance à Dieu, s’il se bricole un univers religieux à base d’emprunts au pluralisme religieux ?
Pour pouvoir engager un dialogue, il est indispensable, selon Mgr Rouet, que le croyant cherche réellement une vraie rencontre, sans jugement, sans réponses toutes faites, en écoutant l’histoire de l’interlocuteur, sa singularité, lui permettant de se livrer dans la confiance, la vérité et le respect. Alors pourra naître un questionnement et peut-être sera-t-il possible d’atteindre la profondeur de l’autre (celle qu’il protège des agressions du monde par une indifférence de surface), de susciter le désir par la complicité d’une faiblesse partagée et d’une humble fraternité.
De son côté, l’Église n’a pas à garder une position immuable mais à discerner dans les différentes situations ce qui va faire grandir l’homme, à faciliter des relations humanisantes entre forts et faibles, à éviter le centralisme, à écouter la voix de chacun.
Retrouvons la foi première : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pareillement pour eux », aidons les à reconnaître que leur existence a du prix et que la reconnaissance fait vivre.
Bernard Chatelain
L’étonnement de croire
Albert Rouet, Éditions de l’Atelier 2013, 190 pages – 20 €