Fin avril, en plein confinement et dans le contexte nouveau d’un risque épidémique bouleversant nos vies, la Conférence des évêques de France (Cef) invitait les mouvements et services d’Église, dont le MCC, à participer à la réflexion de toute l’Église sur les enseignements à tirer et les pistes d’action à privilégier. Nous vous livrons ci-après la contribution du Mouvement, fruit d’un travail collectif au sein du Bureau National.
Pour prolonger cette réflexion et envisager « l’Après », le Bureau National a lancé des « Réunions Zoom de Réflexion », ou RZR, sur le modèle des Réunions Zoom Thématiques (RZT). Comme précisé dans le mailing adressé à tous les équipiers le 25 mai, elles veulent donner la possibilité aux équipiers de s’exprimer sur la base des thèmes identifiés par la Cef :
- Relire l’expérience du confinement et des initiatives prises
- Contribuer à la réflexion sur la manière d’organiser notre vie sociétale en temps d’épidémie
- Réfléchir à l’adaptation de la vie de nos communautés et de notre Eglise aux enjeux pour la mission dans ce contexte
- Les situations personnelles de certains nous interrogent sur la nôtre : personnes seules, âgées, mourantes, détenues… ou simplement confinées
Bonnes réunions !
Jean-Baptiste Tarneaud, Bureau national
CONTRIBUTION DU MCC SUR L’EXPERIENCE DU CONFINEMENT (11 mai 2020)
- Les prises de conscience et défis pour la société
❖ Cette expérience nous a permis de (re)découvrir de nouvelles façons de se retrouver
Le rôle d’un mouvement comme le MCC est de permettre le rassemblement de ses membres notamment à travers une équipe qui rassemble mensuellement une dizaine de personnes habitant dans le même secteur géographique. Continuer ces rassemblements était vital car le partage de leur expérience lors de ce confinement avec leur équipe leur permettait de trouver le courage nécessaire pour affronter cette situation inédite. Le MCC a ainsi incité tous ses membres à continuer à se rassembler virtuellement. Le MCC est allé encore plus loin en créant des réunions pour des personnes ne se connaissant pas et habitant à plusieurs centaines de kilomètres les uns des autres. La seule chose qui les rassemblait cette fois-ci était le partage commun d’un métier ou d’une présence dans le même secteur professionnel afin qu’ils se donnent des conseils pour affronter cette crise.
❖ Cette expérience nous a permis de nous (re)convertir aux nouvelles technologies
Longtemps pointées du doigt et parfois dénigrées car considérées comme oppressantes et comme pouvant inciter à l’individualisme et à l’absence de vérité dans la rencontre, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont cette fois-ci été une véritable planche de salut pour la société. Des générations ont réalisé une conversion forcée aux NTIC afin de retrouver leurs proches. Le monde de la culture s’est provisoirement digitalisé pour permettre des loisirs bénéfiques et instructifs. Le monde de l’éducation s’est adapté aux plateformes et cours en lignes pour assurer sa mission de service public. Enfin, le monde du travail s’est rendu compte que l’avenir ne se ferait pas sans télétravail. Dans de nombreux secteurs il y aura un avant et un après sur l’apport que les NTIC représentent en matière de collaboration et sur l’aide nécessaire à apporter pour que tous puissent bien les appréhender.
❖ Cette expérience nous a permis de (re)trouver des engagements envers plus de solidarité
Nous avons au cours de cette période découvert à nouveau la présence indispensable d’associations au service de la solidarité et des plus fragiles. Parfois oubliées lors de périodes prospères, ces associations ont retrouvé toute leur pertinence et leur objet. Bien des français ont découvert une volonté de les soutenir voire d’y participer directement comme bénévole lorsque cela était possible. De nombreuses initiatives ont également vu le jour afin de pouvoir aider ceux dans le besoin au cours de cette période, prouvant ainsi la présence d’un véritable sens de la solidarité au sein de la société. Dans cette période d’ébullition du monde solidaire, le MCC a fait en sorte de mettre en valeur du mieux possible des initiatives auprès de son réseau, voire d’inciter ses membres à y participer directement dans la mesure du possible.
❖ Cette expérience nous a permis de (re)définir la pertinence des mouvements auprès des chrétiens
Dans cette période, la question de la pertinence de son travail a été questionnée à nouveau par de nombreux chrétiens. Un mouvement comme le MCC qui permet une véritable réflexion et introspection sur le sens de notre travail prend toute sa signification. Ces mouvements doivent continuer à se développer et à être proposés aux chrétiens, qui y trouveront les réponses à leurs questions grâce au partage et à l’écoute présentes dans chacune de nos équipes.
❖ Cette expérience nous a permis de (re)prendre conscience de la prudence de la prise de parole publique
Cette période a vu proliférer des positions en tous genres dans des domaines plus techniques les uns que les autres. Forte est la tentation alors de prendre la parole également afin d’attirer à soi l’attention des autres et de chercher à faire avancer des positions qui pourraient être jugées extrêmes et radicales. La parole de nos mouvements doit alors être prudente, et non passionnée. Elle doit être détachée des préoccupations des temps normaux pour s’adapter aux préoccupations de ce temps exceptionnel. Elle peut critiquer l’action publique mais afin de mieux l’accompagner au lieu d’amplifier une éventuelle confusion. C’est ainsi qu’elle contribuera de manière réaliste à la réflexion sur le monde d’après.
- Les prises de conscience et défis pour la mission de l’Église
❖ Cette expérience nous a permis de nous (re)centrer sur la prière personnelle
Source d’angoisses, de peur, de paresse parfois, la période actuelle nous a aidés à retrouver le sens de notre prière pas seulement pour nous mais pour les autres, ceux qui souffraient, ceux qui aidaient et ceux qui décidaient. Aider à la prière personnelle en ce temps de confinement a été une constante du rôle du MCC qui a relayé dans son réseau des axes de réflexion pour relire sa journée.
❖ Cette expérience nous a permis de (re)découvrir d’autres manières de vivre sa vie spirituelle
Dans l’impossibilité de nous rendre dans des lieux de cultes, il a été nécessaire de s’adapter. Messes en lignes, podcasts, site de prières en ligne, retraites en ligne, les initiatives n’ont pas manqué pour montrer que l’Église de France savait aussi s’adapter aux nouvelles technologies et trouver de nouvelles idées qui pourront encore être d’actualité dans le monde d’après.
❖ Cette expérience nous a permis de (re)penser la place de l’Église envers le pouvoir politique
L’Église a pu ressentir une frustration parfois face aux décisions du pouvoir politique au cours de cette période. La place de l’Église dans ce genre de situations doit rester dans son rôle d’accompagnateur des fidèles et de respect envers des décisions qui pouvaient être difficiles à accepter car elles privaient les églises de leurs fidèles. Accompagner et prier pour le pouvoir politique dans cette période demeure selon nous le meilleur moyen de contribuer à l’unité et au bien commun. De même il nous revenait de relayer les prises de parole du Pape et la Doctrine de l’Église afin de leur donner l’audience nécessaire. Là-aussi le MCC s’est employé de son mieux à relayer ces propos.
❖ Cette expérience nous a permis de réfléchir à la façon dont nous devrons nous rassembler à l’avenir
Rien ne pourra vraiment être tout à fait comme avant à l’avenir. Il en sera ainsi des grands rassemblements, notamment ceux pour les jeunes. Cette période a fait prendre conscience de la fragilité de ces rassemblements. Une réflexion importante devra être menée afin de repenser ces rassemblements au regard notamment des normes sanitaires qui seront exigées. La réflexion doit continuer avec l’aide de groupements comme Promesses d’Église dont fait partie le MCC pour envisager ces nouvelles façons de faire et de se comporter afin de répondre au mieux à la parole du Christ.
Le Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants (MCC)