« Si nos environnements nationaux sont différents, nos constats et nos aspirations convergent ». C’est à l’issue d’un week-end pluvieux de novembre qu’une quarantaine de chrétiens catholiques et protestants réunis à Lucelle (Haut-Rhin) s’accordaient sur ces mots pour élaborer une déclaration commune.
Invités par les Églises de la Regio TriRhena dans le cadre d’une démarche œcuménique et transfrontalière, une dizaine de mouvements des Eglises allemandes, suisses et françaises se sont retrouvés à quelques mètres de la frontière helvétique autour de la thématique : «L’homme au travail : image de Dieu ou capital humain?».
Les débats de synthèse ont été éclairés par les sciences humaines à travers la psycho-dynamique du travail, puis par la théologie pour les questions éthiques nouvelles que pose l’activité humaine. Ils ont été également enrichis par les partages d’expérience des présents.
Le bilinguisme n’étant pas une condition de participation aux débats, la traduction simultanée à double sens a posé un véritable défi aux organisateurs. Elle a parfois semblé déroutante : quand les bilingues découvrent qu’elle est infidèle et qu’il semble y avoir pour certaines expressions une résistance insurmontable. La polysémie des mots est en effet influencée par l’histoire et la dynamique culturelle de chaque nation. Les échanges passionnés pour la traduction du terme allemand « Guten Arbeit » nécessitant au final en français l’ajout à « bon travail » des compléments (décent- épanouissant- digne- bénéfique pour la société), en furent une surprenante illustration.
Redonner du sens au travail dans le cadre d’un modèle social européen nécessitera peut-être au préalable de s’enrichir mutuellement de nos différences culturelles, religieuses et sémantiques…
Daniel F., responsable de la région Alsace Franche-Comté Nord