Le congrès du MCC: Inventer un avenir commun… Responsables d’une espérance durable s’est déroulé au campus de la Doua à Lyon-Villeurbane les 15 et 16 janvier 2011. Ce fut un réel succès qui a rassemblé dans une ambiance tantôt studieuse, tantôt festive mais toujours chaleureuse, 2000 cadres membres du Mouvement. Rendre féconds ces deux jours pour inventer l’avenir est aujourd’hui le défi à relever. Vous pourrez à ce sujet lire le texte d’envoi de Ludovic Salvo, responsable national et de Claire Collignon, membre du bureau national…
Ludovic Salvo : Nous voilà donc parvenu au terme de ce congrès.
Ces deux jours nous ont ouverts avec intelligence à beaucoup de questions. Nous pourrons continuer à les travailler en équipes.
Nos échanges de ces deux jours sont comme ces cairns, chers aux montagnards ! Ces cairns, on les trouve sur les chemins de grande randonnée. Construits par les pierres de chacun, ils balisent le chemin, indiquent les changements de direction, et signalent les points de vue en ouvrant des perspectives. Ils sont signes d’espérance sur un chemin qui reste à découvrir…
A l’heure de repartir vers nos lieux de vie et d’engagement, nous voulons d’une part revenir sur le sous-titre de notre congrès : « Responsables d’une espérance durable » et d’autre part, ouvrir la question de l’avenir du MCC.
Claire Collignon : Ce sous-titre, « Responsables d’une espérance durable », nous a toujours semblé important pour justifier que le titre « inventer un avenir commun » n’était pas une belle utopie. Aujourd’hui, c’est le terme « Responsables » qui nous interpelle (et pas seulement parce que c’est le titre de notre revue !)
Nous sommes, dans nos lieux de travail, qui parfois nous dévorent, dans la cité et dans l’Église, responsables devant autrui; c’est-à-dire appelés à répondre de nos choix et de nos actes.
Dès lors, la responsabilité peut faire peur. En effet, les décisions que nous devons prendre nous engagent et engagent d’autres dans un avenir incertain. Et pourtant c’est bien ainsi que nous exerçons pleinement notre liberté.
Ces deux jours, je crois, nous ont fait prendre ou reprendre conscience que nous pouvons vivre nos responsabilités avec enthousiasme. Rappelons que enthousiasme signifie « habité et inspiré par le souffle divin »
Ludovic Salvo : Les initiatives que nous avons vues hier sont nées de choix audacieux et responsables. Et elles étaient toutes portées avec enthousiasme !
Bernard nous a invités à nous mettre davantage à l’écoute de l’Esprit du Christ.
Ainsi inspirées, en effet, nos responsabilités ne sont-elles pas transformées ? Nous pouvons reconnaître la fragilité comme constituante de notre humanité. Nous pouvons percevoir que cet incertain qui nous inquiète est aussi le gage de notre liberté. Nous pouvons convertir nos ambitions personnelles forcément limitées et enfermantes en projets collectifs porteurs d’espérance et de vie.
Nous pouvons en toute confiance agir avec d’autres pour que l’homme retrouve ce qui doit être sa vraie place dans nos organisations, c’est-à-dire la première.
Nous avons vu hier dans le temps de forum un foisonnement de tels projets. Pour ma part, je pense qu’ils montrent qu’on peut, dans nos organisations, conjuguer performance et solidarité au lieu de les opposer.
La contrainte énergétique que nous vivons nous donne l’opportunité de repenser le vivre-ensemble et le libre-ensemble dans la cité.
L’argent doit être mis au service d’une plus grande justice et non pas servir les intérêts de ceux qui en détiennent déjà suffisamment. Tout cela les hommes que nous sommes le peuvent et tout cela les chrétiens que nous sommes le doivent.
Ces exemples ne sont bien sûr pas limitatifs et chacun d’entre vous repart, je l’espère, avec au moins un exemple qu’il aura à cœur de développer là où il est.
Claire Collignon : Alors vient une question : comment garder dans la durée, cet enthousiasme, quand dans notre vie professionnelle, il nous faut décider dans l’urgence et atteindre des objectifs tels qu’ils nous font perdre de vue l’essentiel ?
Comment libérer de l’espace et du temps pour pouvoir transformer notre regard et être attentif à ce qui est en germe, aux petites avancées, aux signes des temps ?…Ne restons pas sourds et aveugles aux changements nécessaires. N’attendons pas que la fracture se produise pour en prendre conscience.
Ludovic Salvo : La proposition du MCC, nos équipes et nos rassemblements comme ce congrès, sont ces lieux d’humanisation où nous pouvons garder inspirées nos responsabilités pour oser de nouvelles voies et, disons-le clairement, pour nous convertir. Dans ce congrès, nous avons fait le pari de partager des initiatives porteuses d’espérance et de vie, pour que celles-ci puissent nourrir la réflexion, être échangées, et essaimées. Vous allez d’ailleurs recevoir en partant le livre blanc, qui reprend toutes ces initiatives. C’est une démarche innovante et c’est peut-être une manière à privilégier pour animer le mouvement.
Claire Collignon : Mais cette conversion individuelle bien que nécessaire, n’est pas suffisante. Dans un article de Cécile Renouard paru cet été dans Christus, on peut lire qu’il s’agit de «s’efforcer d’inventer des structures politiques, économiques et sociales, qui mettent au premier plan les relations humaines et réduisent les inégalités matérielles et relationnelles.»
La recherche de la justice doit orienter nos choix. Une justice faite aux plus fragiles qui ne peuvent pas toujours faire entendre leurs voix. Une justice faite aussi aux générations à venir qui, et c’est peut-être la grande nouveauté du XXIème siècle, ne peuvent plus être oubliés.
Ludovic Salvo : Cela implique que notre foi ne peut pas être enfermée dans le domaine privé. Nous avons vocation à témoigner en actes de cette espérance qui nous habite et à être veilleur et éveilleur sur les fragilités de cette Création qui nous est confiée.
Mettre en avant les initiatives innovantes dont nous sommes acteurs ou que nous avons pris le temps de découvrir dans notre environnement proche, c’est ainsi une manière de témoigner de notre foi, de «chérir la vision» comme nous y a invité Jacques Haers.
Claire Collignon : Demain dans nos entreprises ou administrations, nous ne dirons peut-être pas que nous étions à Lyon pour un congrès d’un mouvement chrétien, mais je pense que nous partagerons les initiatives qui nous aurons le plus marqués.
Nous témoignerons ainsi d’une fécondité de la responsabilité. En effet, les hommes et les femmes que nous avons entendus hier se sont sentis responsables de faire bouger les habitudes, les a-priori… et ils mettent au monde de nouvelles formes de vivre ensemble.
Ludovic Salvo : Notre mouvement, le MCC est un lieu privilégié pour découvrir la fécondité de ce que nous inventons chaque jour sur nos lieux de travail ou d’engagement. Nous osons inventer parce que nous croyons que cela est meilleur, que c’est le chemin d’une plus grande vie, de la Vie du Ressuscité.
Claire Collignon : Comme Marie à l’annonce de l’ange Gabriel, nous sommes pourtant souvent dubitatifs : « Comment cela se fera-t-il ? ». Comment pourrons-nous témoigner de notre espérance comme nous y invite notre charte ?
Il nous faut savoir entendre le « Sois sans crainte » de l’ange à Marie : sans crainte devant les défis à relever, sans crainte devant les frères à rencontrer, sans crainte devant l’avenir à inventer.
« L’Esprit Saint viendra sur toi » complète l’ange.
C’est l’Esprit reçu à notre baptême. Cécile Renouard dans l’article que nous avons cité précédemment décline ainsi les trois figures du baptisé : «le prophète, est celui qui dénonce les contradictions du système sans jamais s’accommoder de la pensée dominante ; le roi, tel le cadre immergé dans l’entreprise, est celui qui, dans la complexité et l’ambiguïté du réel, tente de petits pas pour faire avancer les choses.» Le prêtre est celui qui est «capable de cultiver en soi la liberté intérieure, la relation à la source au plus intime de nous-mêmes».
Ludovic Salvo : Nous en venons ainsi au second point de notre message : l’avenir du MCC
Si demain le MCC est toujours un lieu fécond pour les hommes et les femmes qui le rejoignent, c’est parce que nos paroles et la Parole, je veux dire, « la bonne nouvelle » s’y incarnent. Nos paroles, celles que nous échangeons en équipe … et la Parole, celle qui éclaire nos réunions d’équipe, et qui, nous guide pour «agir davantage selon l’Esprit du Christ». Et aussi la parole du mouvement que nous ne porterons pas seuls, mais avec d’autres en Eglise.
Claire Collignon : Si demain le MCC est toujours un lieu fécond, c’est aussi parce que nous saurons partager nos richesses, en particulier entre générations. « La foi ne peut pas s’arrêter aux portes de l’entreprise ou de la cité… », voilà le message fort que les générations plus mûres transmettent aux générations plus jeunes. En écho, « comment transformer le monde pour plus de justice ? » voilà la quête des générations plus jeunes qui veulent que l’avenir reste ouvert. Transformer nos frontières de lieux de confrontation qu’elles peuvent être en lieux de rencontre.
Ludovic Salvo : Si demain le MCC est toujours un lieu fécond, c’est enfin parce que chacun de nous se sentira responsable de l’animer avec enthousiasme et d’inviter d’autres à le rejoindre
Oui, portée avec enthousiasme, la responsabilité est source de fécondité !
Pour cela, je vous invite tous à imaginer avec audace ce que pourra être le MCC demain. C’est ce défi que nous avons à relever tous ensemble dans l’année qui vient.
C’est dans la joie partagée que nous allons nous quitter mais auparavant je voudrais remercier tous ceux qui ont travaillé à la réalisation de ce congrès : je demande aux autres membres du bureau national de me rejoindre pour ces remerciements, en premier lieu toute l’équipe de Lyon pilotée par Marc et Véronique Olagne et Ono et Geneviève Iacono qui nous rejoignent pour la présenter.
Je remercie aussi les membres de l’équipe forum qui ont travaillé à bâtir le temps de samedi après-midi et je les invite aussi à nous rejoindre. Je remercie les intervenants, et vous, les responsables de région et de secteur qui ont permis la remontée des expériences pour les forums.
Encore un grand merci : sans vous tous rien n’aurait pu être fait.
Enfin merci à vous tous les participants à ce congrès qui vont repartir avec, je l’espère, enthousiasme, pour inventer un avenir commun !