Faut-il prendre le titre du livre que nous présente Yves-Marie Blanchard au sens littéral ? L’auteur, prêtre, docteur en théologie, très impliqué dans le dialogue œcuménique, nous ramène en effet aux mots précis de l’Évangile et même à ceux des textes grecs les plus anciens.
Il nous invite à lire ces mots avec toute leur force et leur clarté, pour comprendre qu’ils sont à l’opposé de tout ce que recouvre aujourd’hui le mot cléricalisme, concept qui dans la vie de l’Église peut concerner autant l’attitude des laïcs que celle des clercs.
Le titre du premier chapitre « Ne dites à personne : Père », donne le ton. Mais il y a des choses plus profondes que la question des appellations, notamment toutes les formes d’abus de pouvoir ou toutes les barrières qui minent la communauté de l’Église.
Le livre n’est pourtant pas un réquisitoire ; il veut apporter une contribution constructive à une vie de l’Église la plus conforme possible au message du Christ. L’auteur a recherché les références des évangiles ou des épîtres qui mettent en évidence l’absence de toute distinction de supériorité des uns par rapport à d’autres. « Il n’y a ni esclave, ni (personne) libre ; il n’y a pas masculin et féminin ». Ou, s’il y a supériorité, c’est celle des petits, des tout petits, qui est rappelée.
Même si la mission des Douze est spécifique, l’envoi apostolique est adressé pareillement par Jésus à soixante-douze disciples. L’auteur en déroule les conséquences pour notre temps, en montrant toutes les qualités attendues de ceux qui doivent s’efforcer d’être des bons bergers à l’image du Christ.
Blanchard conclut ce petit livre, facile à lire, composé de rappels rafraîchissants, par une analyse piquante et stimulante de la synodalité qui est le chemin de l’unité de l’Église.
Arnaud Laudenbach
Contre le cléricalisme, retour à l’Évangile, Yves-Marie Blanchard, Salvator 2023, 135 pages, 16 €