Voici un livre né de la colère d’un consultant ayant travaillé pour des syndicats puis en co-mandatement avec directions et personnel d’entreprises en grande difficulté, qui a obtenu le prix du livre RH 2012.
Et il lui a été souvent plus difficile de discuter avec ceux qui sont censés être les porte-paroles des travailleurs, victimisés par des «experts».
Ses constatations recoupent nombre d’observations de sociologues ou de praticiens de l’entreprise : blocages dus à des a priori que personne ne veut dépasser. L’organisation du travail s’est transformée en organisation de la durée et à l’aménagement du temps de travail, la gauche réduit le travail à une amplitude et à son revenu, la droite à un pouvoir d’achat et l’équilibre ne peut se réaliser qu’à travers conflits et augmentation de salaire, sans aucune prise en compte des aspirations et de la fierté des hommes pour un travail qui ait un sens ; au détriment des aspirations des hommes. L’encadrement de proximité est confronté à la négation de l’expérience, à la frénésie gestionnaire venant d’en haut, à la tyrannie des chiffres à réaliser et parfois même au harcèlement d’un « bullying boss » ou au « time to move ». De plus, les médias et certaine école psychosociale noircissent tellement la situation que certains perdent tout espoir et ne trouvent d’autre solution que le suicide.
La seule solution pour sortir de l’impasse où nous conduit le « dialogue social » tel qu’il est pratiqué actuellement (défense de l’emploi contre impératifs gestionnaires), est de redonner la parole aux uns et aux autres, de confronter l’analyse de l’activité du travail faite par les uns à l’analyse économique et gestionnaire faite par les autres, dans un dialogue facilité par un intervenant sans préjugés.
Bernard Chatelain
Ce qui tue le travail
Francis Ginsbourger, Éditions Michalon 2010, 188 pages – 17 €