La Cop 27 était placée sous le signe de la solidarité internationale, les pays dits « pauvres » ayant mis la pression pour obtenir le fonds pour pertes et dommages (conséquences irréversibles du changement climatique), qu’ils réclament depuis 30 ans. Question de justice climatique, ces pays étant de loin les plus impactés, alors que la responsabilité des EGES (émissions de gaz à effet de serre) incombe aux pays riches (à 80 % dues aux pays du G20).
De plus, la promesse faite en 2009 d’un fonds de 100 milliards €/an pour la réduction des EGES et l’adaptation n’est pas tenue : seulement 83 mds de financements publics et privés alloués en 2020, selon l’OCDE (estimation contestée), essentiellement sous forme de prêts remboursables.
Dans un contexte géopolitique tendu – toutefois le dialogue a repris entre les USA et la Chine – le climat de défiance a paralysé les négociations. Mais, en jouant les prolongations, la Cop, grâce notamment à l’Europe, a abouti à un accord pour la création de ce fonds. Ses modalités restent à définir. Qui finance ? Chine ou pas ? Combien ? Quels bénéficiaires ?…
Quant aux décisions sur la réduction des EGES… Alors qu’elles augmentent encore ! La somme des engagements pris par les pays amène à + 2,5° en 2100 (on est déjà à +1,2°) et ils s’étaient engagés à venir à la Cop 27 avec des objectifs réhaussés. Or seuls le Mexique et la Turquie sont venus avec de nouveaux plans de lutte. L’objectif + 1,5° est confirmé, mais on n’en prend pas les moyens.
Aucune avancée sur :
– la sortie des énergies fossiles ; on en reste à la « sortie progressive du charbon » de la Cop 26.
À noter qu’il y avait encore plus de lobbyistes des énergies fossiles à la Cop 27 (636 recensés).
– les marchés des crédits carbone ; la mise en route est retardée, ils doivent être mieux encadrés, le système prévu présentant de nombreuses failles…
– l’agriculture : la journée thématique n’a rien produit de sérieux, les nouvelles technologies (drones, intelligence artificielle…) étant toujours pressenties comme solution, et non l’agroécologie.
– la biodiversité : alors que les experts scientifiques ont établi un lien entre climat et biodiversité, reconnu à la COP 26, aucun signal politique n’est donné pour encourager la future COP 15 sur la biodiversité.
De timides avancées sur :
– le réseau Santiago, dispositif pour l’apport d’une assistance technique après une catastrophe climatique.
– la réforme du système financier mondial pour prendre en compte l’urgence climatique ; un groupe de sages va être créé et une conférence aura lieu en 2023.
– le méthane : 100 pays s’étaient engagés en 2021 pour une réduction mondiale des émissions d’1/3 d’ici 2030, ils sont maintenant 140. Seules les émissions des secteurs gaz et pétrole sont visées, quelques mesures vont être prises ici et là ; mais rien sur l’agriculture qui est pourtant le 1er émetteur avec 43 % du total.
Mais le gros point positif est bien sûr l’accord historique sur le fonds pour pertes et dommages pour les pays « pauvres ».
La Cop 28 2023 à Dubaï sera cruciale. Elle présentera un premier bilan mondial, évaluation qui aboutira à recommander des priorités aux États pour qu’ils fassent mieux.
Jean-Marie Patoureaux, équipier à Manosque, membre du CCFD-Terre Solidaire 04