L’épidémie s’est d’abord invitée dans les media : en Chine, des hôpitaux construits en catimini pour les malades, des fosses communes pour les décédés qui se comptent en milliers par jour… On a pensé « cela n’arrive qu’aux autres »…
Lorsque le 19 mars 2020, le président de la République a fermé les frontières et officialisé quatre cas importés, le danger est soudainement devenu réel. Le lendemain, les plantes et feuilles supposées guérir ou prévenir la maladie ont été prises d’assaut sur le marché. Les prix des produits de première nécessité ont flambé.
Un médicament local particulièrement médiatisé, le Covid-Organics (ou CVO, une boisson à base de la plante artémisia), parfois dit obligatoire, parfois dit facultatif, a vu le jour. Certains ont pensé que ce remède allait changer l’histoire et que les yeux du monde entier allaient se braquer sur Madagascar. Des hôpitaux, dits aux normes, pour héberger les cas graves, ont été créés dans chaque chef-lieu de province.
Une occasion pour le pouvoir de museler l’opposition. Toute manifestation a été interdite, sous prétexte du Covid-19. Pourtant, le pouvoir a tout fait pour se montrer comme État-providence : distribution de vivres (même si les critères d’obtention ont été vivement critiqués et critiquables) en organisant de grands rassemblements. Tous les matériels ont été peints aux couleurs du parti présidentiel. Même les ambulances ont arboré le nom du président Rajoelina.
Dépenses difficilement contrôlables. Les sociétés civiles et l’opposition n’ont cessé de demander la transparence dans la gestion du Covid-19. Mais rien n’a été fait dans ce sens. Quelques têtes sont tombées, par exemple le ministre de la Santé et la ministre de l’Éducation de base. Mais ce ne sont que des boucs émissaires. L’affaire des écrans plats (un conflit d’intérêts dans un marché public de matériel informatique) et celle des bonbons sucettes (censés masquer l’arrière-goût amer du CVO), parmi tant d’autres, restent des mystères non élucidés.
La vie de l’Église. L’Église n’a pas été épargnée. Une note émanant de la conférence épiscopale de Madagascar a interdit l’ouverture des églises, annulé toutes les manifestations nationales… Les émissions télévisées et les pages FB se sont multipliées. Evidemment, tout cela ne remplace pas le rassemblement physique habituel mais a le mérite d’exister et beaucoup de fidèles ont été soulagés.
Le congrès national du Mouvement chrétien des cadres et professionnels (MCCP) prévu pour le mois d’août 2020 n’a pas fait exception et a été reporté sine die. La vie de beaucoup de membres a été affectée et bouleversée. Il y a ceux qui ont perdu leur emploi, ceux qui ont dû faire du télétravail, ceux qui ont dû réaliser une reconversion à d’autres activités à cause du coronavirus, mais également ceux qui ont eu un surcroît d’activité ou de ressources grâce au coronavirus.
La relation avec Pax Romana Afrique et Pax Romana mondial a pu continuer, grâce aux visioconférences et aux réseaux sociaux. Des conférences et des célébrations en ligne ont été organisées (Pâques, Pentecôte, et Noël). Au plan local cependant, tout le monde est loin d’être connecté à internet.
Joseph Rahasa, MCCP – Madagascar