Nous reproduisons ci-après l’homélie prononcée par Mgr Fonlupt, archevêque d’Avignon et évêque accompagnateur du MCC, lors de la messe célébrée le dimanche 25 septembre à Nantes, devant plus de 750 équipiers réunis.
Nous avons commencé notre rencontre hier avec le prophète Jonas, et nous l’avons prolongée ce matin.
Lève-toi, Va, proclame. Jonas a reçu un appel, il a eu du mal à y répondre.
La résistance en lui est profonde.
Comment croire que le Dieu d’Israël est un Dieu pour tous ?
Comment penser qu’il nous envoie transmettre cet appel à se tourner vers lui, à goûter la Miséricorde que Dieu a pour chacun de ses enfants ?
Comment oser imaginer que son Esprit œuvre déjà dans le cœur des hommes, et qu’Il nous invite à repérer en eux les signes de sa présence ?
Ce jour, nous retrouvons ces compagnons sur la route d’Emmaüs.
Sur la route qui les éloigne de Jérusalem… habités par leurs questions… leurs blessures, leurs doutes, à la mesure, nous pouvons le penser de ce qui les avait enthousiasmés et appelés dans la rencontre de Jésus de Nazareth.
Ils semblent revenir chez eux, comme dans l’Évangile de Jean nous voyons Pierre et quelques disciples reprendre leur métier de pêcheurs.
La peur et le découragement ont pris le dessus sur l’Espérance qui peu à peu était devenue leur, au fil de leur compagnonnage avec Jésus.
Mais ce qui les sauve de leur enfermement, c’est qu’ils parlent… et qu’ils se laissent rejoindre…
Ils parlent entre eux de ce qu’ils ont vécu, de l’espérance ouverte, de la violence subie, de l’espoir qui retombe.
Ils se laissent rejoindre par un inconnu, ou plutôt quelqu’un qu’ils ne peuvent reconnaître encore, aveuglés qu’ils sont par leur souffrance. Leur inintelligence et leur lenteur à croire ne sont pas seules en cause. Ils ont besoin d’être ouverts à une autre dimension. De percevoir que Jésus est Vivant et que sa présence désormais leur est proche, mais d’une manière nouvelle.
À cela ils vont peu à peu s’ouvrir, par la Parole de celui qui leur demeure encore inconnu, par le lien aux Écritures, par le partage du pain…
L’inconnu qui marche avec eux va peu à peu lever le voile qui est sur leurs yeux, par sa présence attentive à la parole qu’il rend possible, par l’interprétation des Écritures et la fraction du pain.
Au cœur de l’aventure de Jonas et de celle de ces deux compagnons il y a un espace intermédiaire dont nous percevons l’importance.
Jonas demeure trois jours dans le ventre du poisson.
Jésus demeure trois jours dans le tombeau avant de se manifester comme vivant et proche.
Un événement qui transforme chacun.
Jonas se rend à Ninive et invite à la conversion.
Les disciples reconnaissent Jésus présent et retournent à Jérusalem pour l’annoncer à leurs compagnons.
Pour notre part, depuis hier, nous nous retrouvons, nous parlons entre nous, nous échangeons sur ce qui travaille nos vies et celle de nos concitoyens. Depuis deux jours nous nous sommes déplacés… et nous nous laissons rejoindre… et cela déjà est venu ouvrir bien des horizons pour nous.
Nous avons également été accompagnés par la Parole… Celle qui entraîne Jonas.
Celle qu’il proclame comme invitation à la conversion…
Celle qui ouvre un changement…
Avec Jonas… avec l’inconnu du chemin d’Emmaüs, nous nous découvrons accompagnés peu à peu, entraînés dans un regard renouvelé sur nos vies.
Empêtrés par les obstacles que nous aspirons à dépasser, l’expérience qu’un horizon de confiance demeure possible.
La vie ecclésiale avec ses assemblées où sont accueillies les Écritures et où se vit la fraction du pain est le lieu où le croyant peut reconnaître aujourd’hui la présence du Ressuscité.
En Église, en ce jour, il nous faut une nouvelle fois ré-accueillir le geste de Jésus lors du dernier repas, ce geste qui nous redit sa vie donnée pour, à notre tour, le reconnaître ressuscité et nous laisser envoyer par lui
Nous voilà invités à comprendre que les Écritures ne cessent de s’accomplir là où nous sommes, et avec nous, bien des hommes et des femmes de bonne volonté peuvent entrevoir qu’elles s’accomplissent.
Alors si vous le voulez, avant de faire mémoire une nouvelle fois de ce geste de Jésus, prenons quelques instants de réflexion et de méditation personnelle. À partir de nos réflexions, de nos partages, des échanges entre nous, qu’est-ce qui nous donne de quitter peu à peu la rive de la peur pour passer vers la rive de l’Espérance ?
Nous avons notre propre chemin d’Emmaüs. Personnellement et ensemble.
De quelle manière ces jours nous font retrouver le goût de revenir à Jérusalem ?
À chacun d’entre nous de prendre le temps de nous le dire.
Nous prenons quelques minutes pour cela.
L’écrire sur un papier
+ François Fonlupt