Le 9 mai prochain, nous célébrerons le 71e anniversaire de la déclaration Schuman, considérée comme l’acte de naissance de l’Europe en tant qu’ensemble de nations souveraines unies pour mettre fin aux conflits qui avaient déchiré le vieux continent depuis des siècles. Le chemin parcouru est tellement immense que nous n’y prêtons plus attention. Qui parle encore des « Boches », comme le faisaient beaucoup de nos grands-parents ? Il est de bon ton aujourd’hui de brocarder cette Europe technocratique, qui serait incapable de gérer correctement la pandémie et de résister au rouleau compresseur chinois. Mais regardons les choses en face : sans l’Europe, la France, comme de nombreux États membres, serait en faillite. Comme en 2011-2012, la BCE nous permet de continuer à nous endetter – au-delà du raisonnable – et de faire face aux conséquences dramatiques de la pandémie. Erdogan traite notre président de dérangé mental, mais il fait marche arrière sur beaucoup de dossiers sous la pression de l’Union. Et si Poutine n’envahit pas l’Ukraine, c’est plus pour ne pas se mettre à dos l’Union dont il a un urgent besoin sur le plan économique que par crainte de l’OTAN.
L’Union est à la tête du combat pour sauver la planète. Elle est, de loin, la première contributrice au développement avec 78 Mds € par an. En 2020, les Européens ont déposé auprès de l’Office européen des Brevets 65 854 brevets contre 44 293 pour les Américains et 13 432 pour les Chinois. Dans de très nombreux domaines, l’Europe est à la pointe du progrès technologique (voir ma Lettre européenne 2014-4). Mais surtout, l’Union européenne a inauguré un modèle nouveau d’organisation internationale fondé sur la coopération, le dialogue, la solidarité, le respect des droits de l’homme et de l’État de droit, unique dans l’histoire de l’humanité. Plutôt que de passer notre temps à critiquer l’Union, soyons fiers de l’immense chemin parcouru et soutenons cette prodigieuse aventure que le monde entier nous envie. Car l’Union reste un édifice fragile, contesté en son sein par les nostalgiques de notre grandeur passée, nostalgie qui a mené les Britanniques à l’impasse du Brexit. Soyons vigilants : les élections allemandes de l’automne et l’élection présidentielle française de l’an prochain sont autant de passages dangereux où tout pourrait être remis en cause. Le combat pour la construction d’une Europe plus unie est un combat pour la paix, la solidarité, la coopération, le respect de la Création et l’avènement de relations plus fraternelles entre les hommes. Mais il reste un combat dont l’issue n’est pas gagnée d’avance, car les forces de désunion sont toujours à l’œuvre. À nous, chrétiens, qui avons porté ce beau projet depuis le début, de le défendre et de le poursuivre.
Claude Bardot, ancien co-responsable du secteur Nord des Hauts-de-Seine, secrétaire général de la section des Hauts-de-Seine du Mouvement européen