La couverture interpelle. Un moine de dos continue de prier dans une église détruite. Les photos intérieures confirment que le monastère de Mar Elian en Syrie a bien été détruit au bulldozer et les reliques de son fondateur incendiées. Que reste-t-il ? Une immense aventure intérieure.
Cette dernière est racontée avec beaucoup de discrétion. La brutalité de la prise d’otages suscite beaucoup de souvenirs : l’enfance à Alep, le séminaire au Liban, la rencontre de Paolo Dall’Oglio, jésuite islamologue disparu depuis… Ils donnent au lecteur un peu de respiration dans le récit de la violence quotidienne fait au prisonnier, à son compagnon, et finalement, aux chrétiens de son village déportés à Palmyre. La résistance s’organise. Le prêtre finit par obtenir le retour dans son village dans un statut de minorité religieuse, qui devient vite invivable : tous les chrétiens parviendront à fuir, en commençant par les femmes et les enfants, grâce à la complicité d’amis musulmans. Ces derniers le paieront très cher, la plupart étant massacrés comme des traîtres.
Un point étonne le lecteur : aucune haine de l’islam, pas même des jeunes fanatiques. Mais le choix de vivre les Béatitudes, tous les jours renouvelé dans la prière, finira par porter des fruits : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ».
Bertrand Hériard, aumônier national